Semaine des entraîneurs (curling)

Montréal, 24 septembre 2020 (Sportcom) – Ce que Germain Tremblay a inventé pour le curling en fauteuil roulant se compare à l’évolution du ballon au football, assure Carl Marquis, l’un des pionniers de ce sport au Québec. Après avoir mené son équipe parmi les meilleures au monde, l’entraîneur de Sherbrooke continue même à répondre à des commandes jusqu’en Chine.

« Ça n’a pas seulement amélioré nos performances, ç’a amélioré celles de tous les athlètes sur la planète. Ce qu’il a créé, c’est une évolution du sport », affirme Carl Marquis, qui a participé à trois Jeux paralympiques en para-athlétisme avant de se consacrer à ce sport d’hiver.

L’intérêt de Germain Tremblay pour le curling en fauteuil roulant est parti d’une invitation de l’équipe de Marquis au début des années 2010. L’entraîneur arrivait avec une longue feuille de route. Impliqué dans le curling durant plus de 30 ans, il a notamment dirigé des équipes juniors jusqu’aux Championnats canadiens.

Et après avoir assisté à des rencontres de curling en fauteuil roulant lors d’un tournoi à Cape Cod, il n’est pas passé par quatre chemins pour donner son point de vue à l’équipe de Lennoxville.

« Il n’a certainement pas la langue dans sa poche, mais c’est ça qu’on voulait. On ne voulait pas jouer, on voulait performer. On avait le coach idéal pour pouvoir le faire », se rappelle Marquis.

Au final, il fallait faire preuve de plus de stratégie et un lancer de pierre plus précis devenait essentiel. L’esprit créatif de l’ancien enseignant au secondaire s’est alors activé et il a développé une série d’innovations.

Améliorer l’équipement

« L’équipement qu’ils avaient ne servait qu’à tenir la poignée de la pierre au bout d’un bâton. Ensuite, en lançant, ils faisaient tourner le bâton pour faire tourner la pierre d’un côté ou de l’autre », explique Germain Tremblay, qui a notamment enseigné le cours d’initiation à la technologie durant une quinzaine d’années.

D’abord, pour améliorer le lancer de la pierre, l’entraîneur s’est procuré des bâtons télescopiques pour que les curleurs puissent avoir un outil plus long qui réduirait la marge d’erreur.

« De l’endroit où tu tires la pierre au centre de la maison, une erreur dans le déplacement de la main est multipliée par le nombre de bâtons jusqu’à l’autre bout », indique Tremblay, ajoutant avoir aussi utilisé les séances vidéo pour améliorer la technique des curleurs.

Ensuite, il a changé la donne en ajoutant un support articulé au bout du manche, le GTX (pour Germain Tremblay Extender). Cette extension du bâton donne un meilleur contrôle au moment de donner une rotation à la pierre. L’objet fera l’envie d’équipes à travers le monde.

« L’extender en question joue le rôle de la main. Il l’a créé justement pour que lorsqu’on tire, on tire à la bonne place, résume Carl Marquis. Il faut quand même être précis, mais l’outil ne vient pas créer une variable négative, au contraire. »

Germain Tremblay raconte qu’il s’est inspiré de sa propre technique de lancer, qui était critiquée lorsqu’il jouait. Plutôt que de faire tourner la poignée de la pierre au lancer, ce principe vise à toujours lancer avec la poignée placée à 90 degrés et à choisir où y appliquer la poussée pour donner la rotation à la pierre.

L’équipe basée à Magog s’est fait remarquer à l’échelle internationale. Avec son entraîneur, elle a gagné tous les Championnats provinciaux, a remporté le Championnat canadien en 2013 et s’est même classée dans le top-3 mondial.

Les idées de Germain Tremblay ne se sont pas arrêtées là. Il a aussi ajouté une poignée adaptée pour réduire les déviations lors du lancer. La collaboration de l’entraîneur avec l’équipe de Carl Marquis a duré près d’une dizaine d’années.

De son atelier, l’homme de 71 ans continue de répondre à des commandes pour le GTX à l’aide d’imprimantes 3D. Autour de lui sont conservées des traces de ses inventions passées, comme la brosse de curling avec tête articulée ou un accessoire de plastique à fixer à une chaussure pour réduire la friction au moment du lancer. D’autres initiatives allaient même au-delà des règles du jeu, selon les officiels. Au final, il aura mis en action ses idées pour le bénéfice de ses athlètes.

Germain Tremblay conserve son regard critique sur l’équipement de sport et est prêt à faire de nouvelles expériences. Avis aux amateurs de golf, il passe plus de temps sur les terrains ces jours-ci et juge que les bois pourraient être conçus différemment pour éviter que la balle ne fasse un crochet. Il a déjà son idée pour tenter de remédier à la situation.