Basketball en fauteuil roulant

La joueuse de basketball en fauteuil roulant Maude Jacques prévoyait conclure sa carrière aux Jeux paralympiques de Tokyo. Le report d’un an des Jeux aura cependant changé les plans de la paralympienne qui a annoncé, vendredi, sa décision d’y mettre un terme et de quitter l’équipe nationale dès cette année.

Membre de la formation canadienne depuis 2011, la Sherbrookoise a connu beaucoup de succès dans les couleurs de l’unifolié. Elle a représenté le Canada aux Jeux de Londres en 2012 et a gagné l’or au Championnat du monde féminin de 2014, en plus d’être sélectionnée au sein de l’équipe d’étoiles du Championnat du monde des moins de 25 ans l’année suivante.

Elle a également brillé avec le Québec en terminant au sommet du podium aux Jeux du Canada de 2007 et de 2011, aux Championnats nationaux juniors de 2010 ainsi qu’aux Championnats nationaux féminins de la Ligue canadienne, en 2011 et en 2019.

L’année dernière, Maude Jacques et ses coéquipières ont vaincu les Américaines en finale des Jeux parapanaméricains de Lima pour y décrocher la médaille d’or et une qualification paralympique. C’est à ce moment que la joueuse de 28 ans a songé à prendre sa retraite un an plus tard, après les Jeux de Tokyo.

« Quelques amis le savaient, mais je n’en avais parlé à personne d’autre. J’avais gardé cette décision pour moi. L’annonce du report des Jeux paralympiques a été très dure et je me suis posé des questions à savoir si je continuais une année de plus ou si j’arrêtais comme prévu », a confié Maude Jacques.

C’est en se préparant en vue d’un camp prévu cette semaine à Kingston en compagnie des autres joueuses québécoises et des Ontariennes qu’elle a réalisé que le moment était venu de tourner la page.

« Je ne m’entraînais pas depuis mars et je manquais de motivation. Tout le monde avait tellement hâte de recommencer sauf moi et ça m’a ouvert les yeux. »

Jusqu’à maintenant, Maude Jacques vit bien avec son choix. « Je pense que ça va avoir plus d’impact quand toute l’équipe sera réunie. Quand les Jeux vont commencer, je m’attends aussi à ce que ce soit difficile. Pour l’instant, ma vie est la même que le mois passé et je ne regrette pas de ne pas être à Kingston », a-t-elle expliqué.

« Une coéquipière sensationnelle »

Celle qui a gagné un Championnat avec le Crimson Tide de l’Université de l’Alabama avait arrêté le basketball en fauteuil roulant après avoir été retranchée de l’équipe nationale, tout juste avant les Jeux paralympiques de Rio. Elle s’était tournée vers le tennis, sport qu’elle pratiquait depuis deux ans, puis est revenue à ses premières amours un an plus tard dans l’optique de prendre part aux deuxièmes Jeux paralympiques de sa carrière.

« J’ai participé au Championnat canadien à Montréal et j’ai réalisé à quel point le basket me manquait et que j’avais envie d’aller à Tokyo. J’ai donc recommencé à m’entraîner à temps plein », a raconté Maude Jacques.

Le Québécois Marc Antoine Ducharme est devenu entraîneur-chef de l’équipe canadienne de basket la même année, en 2017. Ce dernier conserve d’ailleurs d’excellents souvenirs de Maude Jacques, qu’il a suivi tant au niveau provincial qu’international, tant sur le terrain qu’à l’extérieur.

« Je connais Maude depuis ses débuts en basketball en fauteuil roulant et je suis très fier de sa carrière, du niveau mini jusqu’à l’équipe nationale senior », a souligné l’entraîneur dans un communiqué de Basketball en fauteuil roulant Canada. « Elle est une joueuse et une coéquipière sensationnelle. Maude sait comment jouer des deux côtés du terrain et pouvait exceller dans n’importe quelle situation. Son énergie nous manquera, mais nous lui souhaitons la meilleure des chances à l’avenir. »

Détentrice d’une maîtrise en travail social à l’Université de l’Alabama, Maude Jacques prévoit maintenant mettre la main sur son équivalence pour que ses études soient reconnues au Québec.

« Dans la situation actuelle, je n’ai aucune idée de ce qui m’attend pour 2021 », a affirmé celle qui occupe présentement un emploi au service à la clientèle chez Nordia au département du relais Bell pour personnes sourdes et malentendantes.

« La décision a vraiment été difficile à prendre. J’avais peur d’entrer dans le vrai monde, parce que le basket a toujours créé mon horaire. Pour l’instant ça va bien. J’ai réalisé que c’était le temps d’arrêter plutôt que de passer une autre année où je n’allais pas aimer ça. Même si je ne finis pas avec Tokyo 2021, je suis contente de ma décision », a-t-elle conclu.

 

Photo: Facebook/Wheelchair Basketball Canada