Personnalité du mois de novembre
Lorsqu’il a commencé à jouer au pickleball à Myrtle Beach, Pierre-Yves Roy n’était qu’un Snowbird parmi tant d’autres. Sa passion, son énergie et un concours de circonstances ont toutefois fait en sorte qu’il s’est rapidement retrouvé à la tête de la section parapickleball de Pickleball Québec. Pour son travail et son dynamisme, Parasports Québec a choisi Pierre-Yves Roy Personnalité du mois de novembre.
Une révélation positive
Le pickleball connaît une forte croissance en Amérique du Nord depuis quelques années. Cousine du tennis, cette discipline se pratique sur un terrain de badminton avec un filet de tennis. Les joueurs ont une raquette de bois avec laquelle ils frappent une balle de plastique trouée.
Le sport est pratiqué au Québec depuis une douzaine d’années et compte quelque 7000 membres répartis dans une soixantaine de clubs. Mais qu’en est-il de la place faite aux joueurs et joueuses à mobilité réduite ?
Monsieur Roy a présenté le parapickleball au CIVA Montréal il y a quelques années déjà. Les nouveaux adeptes ont commencé à jouer au Centre Gadbois, à Montréal.
« Nous avions quatre ou cinq joueurs en fauteuil roulant. Je leur ai montré le sport et j’ai eu la piqûre », explique celui qui est aussi président du conseil d’administration du Club Parapickleball Québec.
Étant donné le petit nombre de joueurs en fauteuil roulant pour plusieurs terrains disponibles, M. Roy a invité des joueurs non handicapés du club du Sud-Ouest à se joindre à eux afin de maximiser l’utilisation des terrains et d’égayer l’ambiance. Cette nouvelle mixité a été une révélation.
« Tout d’un coup, les nouveaux joueurs ont demandé s’ils pouvaient jouer avec les gens en fauteuil roulant. Et c’est là qu’on a développé le pickleball hybride : un joueur en fauteuil et un joueur debout qui forment une équipe de double. […] L’intégration s’est faite tellement rapidement que c’est devenu une passion pour moi ! Et là, tout le monde a aimé ça ! »
Faire sa place sur le terrain
Une rencontre avec l’ancien joueur de tennis en fauteuil roulant Jean-François Sylvestre aura l’effet d’un formidable un coup d’accélérateur dans les projets de croissance de monsieur Roy.
« Ce gars-là, il a viré le monde du pickleball à l’envers ! Sur un terrain de pickleball, il était comme un p’tit gars dans un carré de sable. Il était même presque meilleur qu’un joueur debout. »
Jean-François Sylvestre est devenu ami avec Pierre-Yves Roy et ce dernier l’a invité à Myrtle Beach pour participer à un tournoi où les deux Québécois ont fait tomber les préjugés en en claquement de doigts. Monsieur Roy, un ancien représentant commercial dans l’industrie du couvre-plancher, est encore très bon vendeur et c’est avec un plan de match bien précis qu’il s’est présenté à ce tournoi avec son ami en fauteuil roulant.
« J’avais tout préparé le scénario. Nous étions dans un gymnase et tout le monde se demandait ce qu’il (Sylvestre) faisait-là. Je leur disais que je jouais en équipe avec lui. Ils n’y croyaient pas et finalement, on les a tous battus ! Deux jours plus tard, les réseaux locaux de télévision sont venus faire un reportage sur le Canadien qui jouait au parapickleball ! »
L’été suivant, Sylvestre s’est distingué en remportant plusieurs médailles à un tournoi québécois contre des joueurs debout, dont une d’or en double et une de bronze en simple.
La catégorie parapickleball fera finalement son apparition dans les tournois québécois en mars 2017. « Quand tu vois des succès comme ça, ça donne de l’huile à bras ! » poursuit l’infatigable bénévole de 72 ans, toujours aussi enthousiaste, qui sera ensuite en discussions avec Parasports Québec afin de favoriser la croissance du sport.
Jean-François Sylvestre continuera à faire tourner bien des têtes en tournois, cette fois en compagnie de Philippe Bédard, double paralympien en tennis en fauteuil roulant. Le nouveau duo fera la pluie et le beau temps dans le circuit québécois, mais aussi dans un tournoi en Floride qui comptait 2500 joueurs.
« Après que les gars aient gagné contre les Américains, le parapickleball était passé dans une autre dynamique et là, c’était parti ! » se souvient fièrement monsieur Roy.
Une reconnaissance attendue
Une autre preuve de la santé du pickleball et du parapickleball est que ces sports ont récemment été officiellement reconnus par le Ministère de l’Éducation du gouvernement du Québec.
« On nous a dit que nous étions le seul sport où un joueur en fauteuil roulant est intégré au sport régulier. J’en suis très fier et c’est mon salaire. Avec cette reconnaissance, on vient de prendre un envol phénoménal ! »
Qu’est-ce que cela changera concrètement ? Une reconnaissance, oui, mais surtout une aide financière qui permettra d’organiser des séances d’initiation et de développement en s’inspirant de projets-pilotes qui ont cours à Magog, Chambly et Drummondville.
C’est par hasard que Pierre-Yves Roy a commencé à œuvrer dans le milieu du parasport, mais c’est par passion qu’il continue d’y être. Le souvenir de voir son ami Jean-François Sylvestre se faire refuser l’accès à un centre de pickleball aux États-Unis parce qu’il était en fauteuil roulant l’a marqué.
« J’ai vu comment les gens à mobilité réduite vivent des expériences et des frustrations. C’est devenu une de mes motivations. »
Son enthousiasme et son énergie ne serviront pas seulement au développement d’un nouveau sport. Ils serviront aussi à faire tomber des préjugés.