Montréal, 5 juillet 2022 (Sportcom) – Brent Lakatos a eu 42 ans le mois dernier et pour une rare fois depuis très longtemps, il n’a pas fêté son anniversaire à l’entrainement ou en compétition. L’athlète en fauteuil roulant qui est huit fois médaillé paralympique a pris une pause après les Jeux de Tokyo, en septembre dernier. Cette sabbatique n’avait rien d’étonnant de la part de celui qui est reconnu pour participer à un maximum d’épreuves lorsqu’il est présent aux Jeux paralympiques et aux Championnats du monde.

Plus de dix mois plus tard, Lakatos ne sait toujours pas s’il reviendra en piste, mais cela ne l’inquiète pas. Bien au contraire, car il semble bien se plaire dans sa situation.

« Après Tokyo, j’étais vraiment brûlé du sport. Soit je prenais une pause, soit je prenais ma retraite. Je ne sais pas si je veux prendre ma retraite ou non, alors j’ai pris une pause pour y penser et voir ce qui m’attendait après. Ça va bien et j’aime ça ! J’ai beaucoup plus de temps pour travailler ou faire des activités avec ma femme. »

Sa femme, Stefanie Reid, est une para-athlète britannique et spécialiste du saut en longueur. Était une athlète, en fait, car elle a annoncé sa retraite sportive il y a deux semaines. Le Québécois mentionne que les dernières saisons de sa conjointe ont été marquées par des blessures, ce qui explique en grande partie sa décision.

« C’est très difficile le saut en longueur, car ça cause beaucoup de stress dans le dos et les hanches. »

Est-ce que cela signifie que Lakatos imitera sa conjointe ? Le principal intéressé reste évasif à propos de ce qui l’attend dans la sphère sportive, d’autant plus que lui, il n’a pas à vivre avec des blessures récurrentes.

« Ça ne change pas grand-chose pour moi. Elle est toujours très occupée et elle a plusieurs projets. »

La corvée de l’entrainement

À la fin mai, le Suisse Marcel Hug a survolé la piste de Nottwill à des compétitions internationales réunissant des athlètes de catégorie T53 et T54. Brent Lakatos avait l’habitude d’être présent à ces rencontres et c’est d’un œil intéressé qu’il a suivi les prestations de celui qui avait remporté le dernier marathon paralympique, épreuve où le Québécois s’était classé quatrième.

« J’aurais beaucoup aimé être là, mais en pleine forme. Il (Hug) était vraiment un niveau au-dessus de tout le monde. Il était en mode contre-la-montre pendant ses courses et je me suis demandé ce qu’il aurait été capable de faire ça si j’avais été là. Ç’aurait été le fun

La question qui taraude Lakatos est de savoir s’il voudra recommencer l’entrainement quotidien. Un mode de vie qui apporte son lot de fatigue.

« Ça fait mal chaque jour. Quand tu pousses ton corps à s’entrainer pour un marathon et que ta tête dit  » arrête « , mais que tu pousses quand même, tous les jours, c’est difficile. J’aime donc beaucoup cette pause-là et c’est apprécié », poursuit en riant celui qui a mentionné deux fois pendant l’entretien qu’il n’a jamais aimé s’entrainer.

« Chaque jour, c’est une bataille mentale pour commencer (l’entrainement). Je suis donc très content de ne pas en faire. L’an prochain, on va voir. »

Lakatos occupe un poste dans une entreprise informatique américaine, mais sa grande source de motivation ces temps-ci, c’est un projet de conception d’équipement de para-athlétisme. Les détails sont secrets pour l’instant, car il reste encore plusieurs facettes à concrétiser avant d’en faire son dévoilement. Dans le passé, Lakatos a fait des modifications à son fauteuil et à ses gants afin d’optimiser ses performances.

« Je connais beaucoup ça et je mets beaucoup d’énergie dans ça. Et j’ai beaucoup de fun!» soutient le multiple médaillé des mondiaux qui espère présenter son nouveau produit dans les prochains mois.

« Commencer une compagnie, c’est un tout autre défi, que ce soit la paperasse ou travailler avec les ingénieurs. Je ne sais pas si ça va devenir mon emploi à plein temps, mais j’ai hâte de voir ce que ça va devenir. »