Personnalité Parasports Québec – Septembre 2021

Rien n’a été normal au cours de la dernière année et demie, tout le monde le sait. Dans ces circonstances, l’entraineur de l’équipe canadienne de rugby en fauteuil roulant Patrick Côté a tout de même pu mener la formation nationale à une cinquième place aux Jeux paralympiques de Tokyo. Le pilote canadien est donc nommé Personnalité du mois de septembre Parasports Québec.

En cette Semaine nationale des entraineurs, Côté était de retour au travail après quelques jours de vacances. La poussière a commencé à retomber et l’heure sera prochainement aux bilans avant de redémarrer le prochain cycle paralympique dont la durée ne sera que de trois ans.

« J’ai eu mon regard immédiat et émotif dans les deux ou trois premiers jours qui ont suivi alors que j’étais encore là-bas (au Japon). Maintenant, je peux regarder ça de manière plus reposée. Oui, c’était assurément difficile d’être exclus du carré d’as, mais nous avions les Américains et les Britanniques dans notre groupe et ce sont les deux équipes qui se sont affrontées en finale. »

À la Coupe du monde de soccer, on utilise l’expression « groupe de la mort » pour désigner une poule du tableau où les équipes favorites sont surreprésentées. C’est dans cette situation que se sont retrouvés les joueurs canadiens à Tokyo.

« Nous avons joué de très bons matchs contre ces deux formations (États-Unis et Grande-Bretagne) et en dedans de moi, j’ai le feeling que nous aurions pu en gagner un des deux. Nous avons été en contrôle de notre destinée et nous n’avons pas été assez alertes dans des moments clés et c’est ce qui nous a coûté notre place en demi-finale », croit Côté en ajoutant que ses protégés ont remporté haut la main leurs matchs contre les équipes de l’autre groupe.

« C’est un tirage au sort, mais je veux nuancer en disant qu’avec maintenant six équipes qui se démarquent, automatiquement, il y a une équipe qui se retrouve dans ce groupe. »

Celui qui est devenu entraineur-chef de l’équipe canadienne en mars 2017 y voit une preuve que la parité s’est bien mise en place dans ce sport. Même les champions des Jeux de Rio, les Australiens, ont été exclus de la ronde des demi-finales.

« Il y a quelques années, je pouvais déterminer des matchs où je reposerais certains joueurs et ferais jouer les remplaçants. Ça n’existe plus et ceux qui font encore ça, ils font une erreur à mon avis, car les équipes sont trop fortes et bien préparées. »

Le parasport dans le sang

Patrick Côté détient une expérience très diversifiée dans le monde du parasport. Il a fait ses débuts dans le monde du parasport en basketball en fauteuil roulant à titre de joueur et d’entraineur. Il a d’ailleurs été à l’emploi de l’Association québécoise des sports en fauteuil roulant – l’ancien nom de Parasports Québec – il y a une dizaine d’années, à titre de coordonnateur au développement. Un parcours semblable à celui d’un autre employé de Parasports Québec, l’ancien directeur général Marc-Antoine Ducharme, qui est aujourd’hui entraineur de l’équipe canadienne féminine de basketball en fauteuil roulant.

Côté est ensuite passé sur la scène nationale chez Rugby Canada. C’est à titre de gérant et d’analyste de la performance qu’il a vécu l’expérience paralympique à Londres (2012) et Rio (2016). Cinq ans plus tard, c’est sur les lignes de côté qu’il était à Tokyo avec à l’ancien joueur et triple médaillé paralympique Dave Willsie à titre d’adjoint.

De nombreux obstacles

Alors que la pandémie venait à peine de frapper le pays, en mars 2020, l’équipe canadienne venait tout juste de décrocher sa qualification pour les Jeux de Tokyo. Maintenir cette erre d’aller pour les Jeux qui ont ensuite été repoussés d’un an n’a pas été une mince affaire comme l’a expliqué le pilote canadien. Il ne veut pas s’en servir comme une excuse, mais reste qu’il a dû composer avec plusieurs obstacles.

« Ç’a été très difficile. Comme pour n’importe qui, nous sommes passés par des montagnes russes d’émotions. De novembre à la fin février, c’est le moment où ç’a été le plus dur. Nous n’avons pas pu nous entrainer ensemble. À toutes les fois que nous préparions des activités, les mesures sanitaires d’une province à l’autre changeaient et elles étaient ensuite annulées. »

L’absence de matchs internationaux a aussi eu comme conséquence moins d’occasions pour que des joueurs se soumettent à l’évaluation de leur classification de handicap. Ce détail est loin d’être anodin, car dans ce sport, un pointage est associé à chaque classe handicap et le total de point des joueurs sur le terrain ne doit pas dépasser 8, ce qui a un impact direct sur la composition des quatuors.

Les dirigeants canadiens ont pris le taureau par les cornes pour que les joueurs jouent des matchs internationaux avant les Jeux. L’équipe s’est rendue au Japon en juin afin de disputer quatre matchs contre les Japonais et ensuite revenir au Canada et se soumettre à la quarantaine de deux semaines.

Cela a permis à l’entraineur de 38 ans de finalement mettre en place des changements au système de jeu de l’équipe, notamment en défensive où les Canadiens créent maintenant plus de revirements. Un point positif du tournoi paralympique selon lui.

« Je suis très content de ce que nous avons mis en place et il nous faut maintenant plus de temps pour que cela se transforme en victoires. »

L’entraineur pourra le constater dans les prochains mois, alors que la qualification pour le Championnat du monde se mettra en branle.

En rafale

La chanson que tu écoutes avant un match important ?
La chanson Shook Ones, Pt.II de Mobb Deep.

Ton mets préféré ?
La nourriture indienne.

Ton surnom ?
Pat

Quel est le dernier livre que tu as lu ?
Je suis en train de lire A Promised Land qui est l’autobiographie de Barack Obama. Je lis beaucoup de livres de leadership et de coaching en général.

La chose que tu aimes le plus dans ton sport ?
J’aime l’agressivité que l’on peut voir en défensive et l’interaction des quatre joueurs sur le terrain qui mène au succès d’une équipe.

Quelque chose que tu apportes toujours dans ton sac de cabine dans l’avion ?
Mes écouteurs avec la fonction pour réduire le bruit ambiant.

Quel est ton plaisir coupable ?
Prendre un verre en cuisinant.

Quelle est ton idole sportive ?
Michael Jordan

Tu es premier ministre du Canada demain, quelle sera ta première décision ?
Je ferais des actions rapides pour la protection de l’environnement.