Parasports Québec est fière de nommer non pas une, mais bien deux Personnalités du mois en avril 2025 pour leurs récentes performances ainsi que pour leurs nombreuses années de carrière au sein de l’équipe nationale dans leur sport. Les nommé.e.s ne sont autres que les paralympien.ne.s et athlètes de basketball en fauteuil roulant Rosalie Lalonde et Jonathan Vermette!

Les deux Québécois.e.s ont récemment pris leur retraite de la sélection canadienne et nous ont une nouvelle fois enchanté.e.s par leurs performances lors des derniers Championnats nationaux des clubs, à Montréal.
Retour sur leur parcours de champion.ne.s et leurs grands moments, des terrains de basketball québécois jusqu’aux plus grands rendez-vous de la scène parasportive internationale!

– Propos recueillis les 24 et 27 avril 2025

Rosalie Lalonde, de débutante à joueuse étoile : le chemin vers l’excellence

Dès son plus jeune âge, c’est sur les terrains de soccer québécois que l’on retrouve Rosalie Lalonde qui, à seulement 6 ans, est prête à se lancer dans son aventure sportive. Mais en raison d’une maladie de la hanche qui impacte sa mobilité, la native de St-Clet doit prendre un autre chemin. À 13 ans, encouragée par sa physiothérapeute et soutenue par sa famille dont l’engagement au service de la communauté parasportive est encore aujourd’hui reconnu, elle découvre donc le basketball en fauteuil roulant et devient rapidement passionnée par la discipline qu’elle ne lâchera plus.

Rosalie Lalonde sur le terrain en 2014

Rosalie Lalonde sur le terrain en 2014.

Le contact, la rapidité, l’agressivité du basketball en fauteuil, tout comme son aspect tactique et la maîtrise du jeu d’équipe passionnent l’adolescente qui ne tarde pas à trouver sa place sur le terrain. Accueillie par les Aigles du club Sports Inclusif Sud-Ouest, elle intègre rapidement la ligne Mini et participe à ses premiers Jeux du Québec à Valleyfield en 2011, en compagnie de son petit frère Collin Lalonde, qui suit déjà, lui aussi, le chemin de l’excellence et avec qui elle se fait de formidables souvenirs sur le terrain.

« Le sport a toujours été ce qui nous a unis, une passion partagée. Nous avons un style de jeu un peu différent, alors on se complète bien sur le terrain. Dès 2011, faire tous les deux partie de la même équipe et participer à un tel événement a été un si beau moment pour nous. Cela nous a vraiment ouvert les yeux sur les possibilités que nous avions maintenant dans la vie », raconte-t-elle.

Peu après cette année 2011, Rosalie n’a pas attendu pour poursuivre son histoire. En 2012, elle fait pleinement partie de l’équipe junior québécoise avec qui elle remporte ses premiers Championnats junior de l’Est à Halifax (N.-É.).

Rosalie Lalonde représente le Québec.

Rosalie Lalonde représente le Québec.

Elle obtient la première médaille d’une longue série avec l’équipe féminine au Championnat national féminin de la LCBFR à Richmond (C.-B.) et récidive l’année suivante avec une deuxième médaille de bronze, cette fois à Longueuil.

Elle obtient également en 2013 avec l’équipe canadienne une marquante seconde place aux Jeux parapanaméricains de la Jeunesse à Buenos Aires (Argentine) et obtient une première expérience internationale, en route vers une reconnaissance en tant que joueuse étoile dans différents grands championnats et de nombreux succès avec ses coéquipier.ère.s.

 

D’un maillot à l’autre, un palmarès impressionnant

À travers sa carrière, la jeune Clétoise a su saisir l’opportunité de se dépasser et d’évoluer au sein de différentes équipes et structures pour vivre la plus enrichissante des expériences en basketball en fauteuil roulant, toujours encouragée par ses parents qui l’ont soutenue dans toutes les étapes de son évolution.

« Mes parents m’ont conduit à toutes mes pratiques et tournois lorsque j’étais jeune. Ils m’ont supporté dans toutes les décisions que j’ai prises concernant le basket et mes choix de vie. Ils me supportent encore lorsque j’ai des tournois, ma mère est toujours présente à mes matches », nous livre-t-elle.

À l’échelle des clubs, Rosalie Lalonde a ainsi joué avec les Aigles du Sud-Ouest dans les divisions Mini, AA et AAA, mais également en AA et AAA avec les Gladiateurs de Laval, ainsi qu’en AAA avec le CIVA de Montréal. Parmi ses nombreux succès en club, elle a notamment été sacrée championne du Canada de division 2 aux Finales LCBFR de cette année avec les Aigles où elle a également remporté la distinction de Joueuse la plus utile pour ses performances sur le terrain.

Au niveau provincial, Rosalie a fait partie de l’équipe du Québec en junior (de 2012 à 2015) et s’est entraînée tous les jours pour exceller aux côtés des seniors de 2012 jusqu’à aujourd’hui. Avec l’équipe féminine, on ne compte plus les victoires de la jeune athlète qui est double-tenante du titre au Championnat national féminin de la LCBFR avec les succès de 2023 et 2024.

Rosalie Lalonde en Alabama et avec les Aigles ⒸAlabama Adapted Athletics/ Sports Inclusif Sud-Ouest

Rosalie Lalonde en Alabama et avec les Aigles ⒸAlabama Adapted Athletics/ Sports Inclusif Sud-Ouest

Le succès de la Clétoise ne s’arrête pas aux frontières canadiennes puisqu’au niveau universitaire, la jeune femme a su se démarquer et trouver sa place pendant ses 4 années au sein de l’équipe des Crimson Tide de l’Université d’Alabama qui remporte trois fois le titre national universitaire américain (NCAA) aux côtés de Rosalie Lalonde.

Plus loin encore, c’est avec l’équipe canadienne que la jeune employée du Parrainage Civique de Vaudreuil-Soulanges tire ses plus grands honneurs internationaux : dès 2015, elle obtient avec son équipe sa première médaille d’argent aux Jeux para panaméricains (en senior) à Toronto, avant de décrocher le titre avec le Canada en 2019 aux Jeux de Lima, puis une nouvelle fois l’argent, cette fois à Santiago en 2023. Si le Canada ne repart pas médaillé des trois éditions des Jeux paralympiques auxquels Rosalie a participé (Rio, Tokyo et Paris), la Québécoise en tire tout de même grande satisfaction et retient ces moments comme des expériences marquantes. Elle raconte :

 

Rosalie aux Jeux de Paris 2024 - Ⓒ A. Burger/ D. Holland - CPC

Rosalie aux Jeux de Paris 2024 – Ⓒ A. Burger/ D. Holland – CPC

« Chacune de mes expériences ont été différentes. Mes premiers Jeux à Rio, j’étais jeune; tout était excitant et impressionnant. Les Jeux de Tokyo ont été difficile mentalement dû à la Covid. Puis les Jeux de Paris ont été une très belle expérience, j’étais plus en contrôle de moi-même, plus mature sur le terrain. La plus grande différence a été d’avoir ma famille à mes côtés lors de mes derniers Jeux à Paris. je me sentais en paix avec ma carrière et prête à fermer la porte avec eux. J’en garde mon meilleur souvenir sportif : marcher sur les Champs-Élysées lors de la cérémonie d’ouverture. C’est la première fois que j’ai ressenti un si grand sentiment de fierté à mon égard. Je suis fière d’avoir fait tout ce parcours, d’être allé au-delà de ma zone de confort. Je suis fière également de m’être écoutée et d’avoir prise les meilleures décisions, ces décisions qui m’ont menée aussi loin.

Le riche parcours de Rosalie, rempli de succès et animé par sa passion pour le jeu et sa persévérance, est un récit inspirant pour les suivant.e.s et le message qu’elle souhaite transmettre l’est tout autant :

«J’avais très peur de rejoindre les parasports, je craignais l’étiquette qui venait avec. Mais une fois que j’ai compris que le fauteuil roulant me permettait de bouger sans limitation, je me suis réellement sentie invincible, au-delà de mes limites. Le parasport apporte plus que la compétition; il apporte une communauté dans laquelle tu peux te sentir en sécurité et compris.e

 

Jonathan Vermette, emmener la passion pour le sport au-delà des obstacles :

Dès son plus jeune âge, Jonathan Vermette est mordu de sport. De quelques minutes l’aîné de son frère jumeau Philippe et cadet de sa grande sœur Karine, le natif de Sherbrooke explore pleinement, et en famille, toutes les activités sportives qui se présentent à lui: basketball mais également ski, randonnées, vélo… l’engouement pour le sport du jeune Québécois est indéniable.

Un accident de la route vient toutefois marquer son histoire et impacter sa vie familiale ainsi que son avenir sportif. Le choc emporte la mère de la fratrie et les trois enfants deviennent paraplégiques. Jonathan a alors 9 ans et entame une période de convalescence qui dure près d’un an avant le retour chez eux. Et sa volonté de se dépenser et se dépasser est toujours bien là.

Jonathan Vermette représente le Québec, ici en 2007 et 2011.

Jonathan Vermette représente le Québec, ici en 2007 et 2011.

Le jeune Québécois s’essaie au ski avec la Fédération de Sports Adaptés mais comme deux ans avant son accident, c’est le basket qui le passionne toujours. Sa sœur Karine lui parle alors de basketball en fauteuil roulant et il découvre la discipline lors d’initiations pendant sa réadaptation. Jonathan nous raconte ce qui lui plait tant la discipline, encore aujourd’hui :

« Dans le basket en fauteuil roulant, j’aime principalement le coté stratégique de ce sport. En tant que classe 1.0, je prends un malin plaisir à bloquer des joueurs de plus haute classe de l’équipe adverse afin de donner un avantage à mon équipe. J’aime aussi l’aspect physique et la rapidité de ce sport. Enfin, j’apprécie beaucoup l’aspect sport d’équipe : une équipe de basket qui joue ensemble sera toujours plus forte qu’une équipe qui possède des talents individuels, et l’ambiance sera bien plus l’fun ».

Jonathan & Philippe, victorieux avec les Bulldogs (2016) et récipiendaires de bourses dans leur parcours sportif.

Jonathan & Philippe, victorieux avec les Bulldogs (2016) et récipiendaires de bourses dans leur parcours sportif.

C’est donc son père qui met en place le cadre qui lui permettra de s’épanouir lors de ses débuts en fondant l’équipe des Patriotes de Sherbrooke et l’équipe mini : c’est le début d’un long et grand chemin parasportif pour les enfants Vermette. S’il partage l’aventure du basketball en fauteuil avec sa sœur Karine à ses débuts, c’est aux côtés de son frère jumeau Philippe qu’il gravit les échelons pendant de nombreuses saisons et va jusqu’à intégrer l’équipe nationale à ses côtés. Jonathan revient sur la relation fusionnelle avec son frère qui s’est exprimée et renforcée sur le terrain à travers les années :

« Ça a toujours été un plaisir de jouer au basket avec mon frère. Avec les années, nous avons créé une belle chimie. Cette année, je joue avec lui (avec Sherbrooke) pour la première fois depuis plusieurs années et c’est comme si nous n’avions jamais arrêté de jouer ensemble. Mes meilleurs souvenirs sportifs avec mon frère datent de 2011 et 2015, quand nous avions remporté la médaille d’or avec l’équipe junior du Québec aux Jeux du Canada. C’est plaisant de constater le parcours que nous avons eu ensemble et le progrès depuis nos premiers matchs. »

Jonathan au Défi Sportif, 15 ans après sa première apparition - P.Beau Chemin Ⓒ Défi Sportif Altergo

Jonathan au Défi Sportif, 15 ans après sa première apparition.

Ces premiers matchs, ce sont ceux des débuts au Québec, dès 2003-2004, quand l’énergie débordante de Jonathan lui fait prendre le chemin de la compétition : il participe à son premier Défi Sportif où il joue avec les 15 ans et moins. À cette occasion, il voit les joueur.euse.s pros jouer, ce qui l’encourage à suivre le chemin du basketball à haut niveau. Il s’engage pour par la suite dans les Finales provinciales avec la nouvelle équipe Mini sherbrookoise qui finira par remporter ses premières Finales et gagner en reconnaissance à l’échelle du Québec.

Toujours avec la même énergie, le Sherbrookois lance alors sa carrière de basketball en fauteuil roulant et porte différents maillots en route vers de grands succès sur la scène internationale.

 

Lier le plaisir et l’excellence : du Québec jusqu’au plus haut niveau

En 2007, à 16 ans, et sept ans seulement après son accident, Jonathan prouve à nouveau par le sport qu’il a son destin en main : il décroche sa médaille d’or avec l’équipe québécoise aux Jeux du Canada de Whitehorse (Yukon). Une performance qu’il reproduit avec son équipe en 2011 et en 2015 où il est fier d’avoir partagé l’or avec Rosalie Lalonde qu’il n’avait pas retrouvée sur le terrain depuis plusieurs années et qui a pour lui révélé son potentiel immense lors de cette victoire partagée.

Jonathan Vermette champion et joueur étoile aux Finales LCBFR 2025 - Photo : Mission Photographie

Jonathan Vermette champion et joueur étoile aux Finales LCBFR 2025 – Mission Photographie

Jonathan Vermette, que le club de Sherbrooke a vu grandir en Mini et performer plus tard en division AA, apporte également son énergie à d’autres clubs pendant sa carrière, notamment les Bulldogs de Québec et plus récemment le CIVA de Montréal avec qui il remporte en 2025 le titre tant attendu de champion national aux Finales LCBFR de Montréal.  Il raconte :

« Cela faisait plusieurs années que nous vivions des déceptions à ce tournoi et ce, malgré une équipe toujours très forte. Lors de ce tournoi, tout a cliqué et tout le monde a très bien joué! Par-dessus tout, nous avons su jouer en équipe et cela s’est traduit par une première place. Je suis très fier des performances que nous avons offertes, surtout que nous n’avions pas jouer ensemble durant la saison régulière. »

Jonathan parvient aussi à intégrer l’équipe nationale junior où il rencontre l’entraîneur Mike Frogley qui, pour son développement, l’encourage à entreprendre un projet de mobilité et à prendre le chemin du sport universitaire : le Québécois rejoint donc l’Université de l’Illinois puis déménage à Toronto. Pendant cette période, il intensifie son approche du basketball en fauteuil roulant (passant de 2 à 5 pratiques par semaine) et fait le plein d’expérience pour être ensuite sélectionné dans l’équipe nationale masculine canadienne qui pourra compter sur lui pendant près de 12 ans.

De ces douze années avec l’équipe nationale, Jonathan tire d’inoubliables souvenirs :  il participe deux fois aux Championnats du monde (Hambourg 2018 et Dubaï 22) et obtient aux Jeux parapanaméricains deux fois l’argent (Toronto 2015, Lima 2019) et une fois le bronze (Santiago 2023). Enfin, il est trois fois retenu pour représenter le Canada aux Jeux paralympiques : à Rio, Tokyo et Paris. Des rendez-vous qui ont forgé son expérience d’athlète :

« Les trois Jeux paralympiques auxquels j’ai eu la chance de participer étaient extraordinaires, pour des raisons différentes. Mes premiers Jeux à Rio de Janeiro en 2016 étaient magiques car il s’agissait de mes premiers. C’était irréel de réaliser que j’étais rendu à ce stage, la plus importante compétition sportive au monde. Mes deuxièmes Jeux ont été tout un défi à cause de la pandémie : ils ont été retardés d’un an et éprouvants à plusieurs niveaux, dont notre résultat (8e place). J’ai pensé prendre ma retraite après Tokyo mais je voulais terminer ma carrière sur une meilleure note. Ma plus grande fierté est d’avoir persévéré après les Jeux de Tokyo 2021 et d’avoir gardé une discipline d’entrainement jusqu’à Paris 2024.

Cette persévérance a payé et je ne regrette pas ma décision : à Paris 2024, un résultat inespéré pour une équipe qui a failli ne pas se qualifier. Non seulement nos résultats ont été exceptionnels, mais la chimie d’équipe a été excellente tout au long du tournoi. L’organisation de ces Jeux était superbe et mon frère est venu me voir jouer aux paralympiques pour la première fois. Sa présence pour mes derniers paralympiques était quelque chose de très spécial !

Jonathan Vermette aux Jeux de Paris et Rio - Ⓒ CPC

Jonathan Vermette aux Jeux de Paris et Rio – Ⓒ CPC

De ses premières expériences québécoises jusqu’aux plus grandes émotions de Paris 2024, Jonathan Vermette a su garder la même énergie et la même envie de jouer. Le jeune retraité de l’équipe nationale ne compte pas s’éloigner des terrains et souhaite poursuivre la pratique du sport pour son bien-être physique et mentale, moins pour la performance que pour le plaisir que le basketball lui procure.

Le tout récent technicien en service-conseil d’Altergo compte se consacrer davantage à l’expérience d’autres sports comme le ski alpin et continue à inspirer les suivant.e.s, avec sa vision et sa motivation, forgées par son parcours de persévérance :

« Lance-toi! Viens t’essayer! Le but n’est pas de se rendre aux paralympiques mais plutôt d’avoir du plaisir. Si tu as du plaisir, tu y consacreras du temps, des efforts et tout deviendra alors possible. La pratique sportive a eu tellement de bienfaits pour moi, autant au niveau physique, mental que social, c’est la plus belle chose que le sport peut apporter à un jeune pour surmonter son handicap.»

Parasports Québec félicite chaleureusement ses deux Personnalités du mois, Rosalie Lalonde et Jonathan Vermette, jeunes retraité.e.s de l’équipe canadienne, pour leur récent titre national et pour leur parcours mémorable au service du basketball en fauteuil roulant québécois. La fédération leur adresse ses meilleurs vœux pour la suite de leur histoire personnelle! »

– J. Robszye