Personnalité du mois de mai

Lorsque l’on discute avec la kinésiologue spécialisée en réadaptation Annie-Claude Caty, rapidement on constate une chose : il y a un parallèle à faire entre son métier et le parcours des athlètes de haut niveau. Tous deux sont à l’affût des dernières connaissances scientifiques pour s’améliorer et tous deux sont passionnés par ce qu’ils font.

Annie-Claude Caty, travailleuse essentielle dans le milieu du sport adapté depuis près de 20 ans, est la Personnalité Parasports Québec du mois de mai.

La piqûre dès le début

Annie-Claude Caty est étudiante en kinésiologie à l’Université de Montréal au début des années 2000 lorsqu’elle visite le Centre de réadaptation Lucie-Bruneau (aujourd’hui le CIUSS Centre-Sud) dans le cadre d’un cours consacré à l’activité physique adaptée.

« C’est là que j’ai eu la piqûre et j’ai postulé auprès d’un organisme de sport adapté (après mes études). C’est comme ça que cela a commencé. »

Qu’est-ce qui l’a particulièrement accrochée ? « Je trouvais qu’il y avait une valeur ajoutée et un challenge de plus du côté de la physiologie. Je ne connaissais pas ça et j’aimais relever ce défi-là. »

La passion est visiblement encore au rendez-vous, car 18 ans plus tard, elle est toujours à l’emploi du CIUSS Centre-Sud où sa clientèle est composée de blessés médullaires (paraplégie et tétraplégie).

Si la kinésiologie est l’étude du mouvement, Mme Caty voit son travail séparé en deux volets bien distincts : la réadaptation physique et l’intégration sociale, le tout dans une proportion de 50-50.

Elle vise à augmenter les paramètres de la condition physique de ses patients afin que ceux-ci soient le plus fonctionnels possible dans la vie de tous les jours. L’autre aspect, le social, est de leur faire essayer et découvrir différents sports et activités physiques.

« Mon travail avec les différents organismes, dont Parasports Québec, est essentiel. J’ai besoin d’eux pour intégrer mon client et m’assurer qu’il continuera d’être actif, ce qui diminuera les effets néfastes de la douleur, des complications ou des maladies. Nous utilisons le sport comme une intégration dans la communauté », croit celle qui a notamment travaillé avec plusieurs athlètes de rugby en fauteuil roulant.

La socialisation, de pair avec la réadaptation

Sans minimiser l’impact de son travail, la spécialiste avance que le partage d’expérience des gens qui sont en fauteuil roulant depuis plusieurs années a un effet d’émulation auprès des nouveaux blessés médullaires, tant pour les petits gestes du quotidien que pour la pratique sportive. C’est un lien de confiance, mais qui est différent.

« Rencontrer des gens qui ont la même condition qu’eux, qui travaillent ou non, qui ont un.e conjoint.e ou non, avec ou sans enfant, ça leur donne une vision de ce que leur vie pourra être. Entre eux, ils vont se parler de trucs qu’ils n’aborderont pas avec nous et ils sauront mettre les bons mots. C’est plus facile, car ces personnes sont elles aussi passées par là. »

La kinésiologie fait partie d’équipes interdisciplinaires, ce qui permet non seulement de présenter une offre sportive variée à sa clientèle, mais aussi de préparer des cahiers de charge précis qui contiendront tout ce qui entoure la pratique d’une activité, que ce soit l’accès à de l’équipement, les installations, l’accessibilité en transport adapté ou aux installations sanitaires, etc.

« À mes débuts, il n’y avait que du basket et de l’athlétisme. Aujourd’hui, on essaie de développer l’offre sportive au maximum et c’est ça qui est intéressant. D’un côté, il y a le développement de la communauté, mais il y a aussi le développement de la recherche où je dois tenir à jour mes connaissances. Avec Internet, les clients savent ce qui se passe et dans mon quotidien, il faut que je fasse les meilleures interventions possibles. Ça amène des discussions et cela fait cheminer le patient dans sa réflexion.

Récemment, Mme Caty a collaboré avec une ergothérapeute et l’organisme Accès Grimpe afin de concrétiser la pratique de l’escalade adaptée pour les personnes tétraplégiques. Un bel exemple où la clientèle de la kinésiologue peut voir sa progression, au sens propre comme au figuré.

« Nous travaillons à préparer des adaptations pour simuler la préhension chez les personnes tétraplégiques, ce qu’elles n’ont pas. Nous avons différents prototypes et modèles et trois personnes tétraplégiques ont été capables de grimper une paroi intérieure. C’est donc fort intéressant et motivant ! Le client doit nous donner le feed-back de ce qui fonctionne ou non, alors c’est vraiment un travail de collaboration. »

Lorsqu’on lui demande s’il y a un patient, devenu un athlète de haut niveau, qui l’a particulièrement impressionnée dans sa réadaptation, Annie-Claude Caty a cette réponse : « C’est comme si tu me demandais de choisir entre mes enfants, lance-t-elle dans un grand éclat de rire. Ce que je peux dire à propos de la fierté, c’est lorsque je vois mes clients dans le club de rugby et qu’ils voyagent. Ce ne sont pas des conditions qui sont toujours adaptées, mais je les vois se dépasser, tant dans leur sport que dans leur vie personnelle. C’est sûr que ça me procure beaucoup de fierté ! »

En rafale

Salé ou Sucré ?
Sucré.

Ton plaisir coupable ?
La Compagnie Créole !

Un endroit que tu aimerais visiter?
L’Italie.

Si tu pouvais prendre la place de quelqu’un qui ce serait ?
Probablement le Dalaï-lama, surtout en ces temps de pandémie.

Quel est le dernier livre que tu as lu ?
Je suis en train de lire le dernier livre de Bernard Lavallée « Sauver la planète une bouchée à la fois ».

Ton mets préféré ?
Les sushis.

Ton idole sportive ?
Mes clients du rugby.

Ta matière préférée lorsque tu étais à l’école ?
La biologie.