Parasports Québec est fière de présenter sa Personnalité du mois d’octobre, le nageur Philippe Vachon, et de mettre en lumière son parcours inspirant, à l’heure de sa sortie des bassins, après 14 belles années de compétition.
– Propos recueillis le 21 octobre 2024
Plus fort que la maladie : se dépasser avec les parasports
Philippe Vachon, à presque 30 ans, a fait du chemin pour arriver sur la scène internationale et montrer ses capacités au grand public, dans les bassins des plus grands rendez-vous du calendrier parasportif mondial.

Philippe Vachon sur le bloc de départ – Photo : Courtoisie
Plus jeune, le nageur de Trois-Rivières n’avait pas de handicap et pratiquait activement le judo. C’est à 15 ans que l’adolescent découvre qu’il est atteint de la maladie neurologique progressive Charcot-Marie-Tooth. Avec une détermination intacte et le soutien de sa mère, Philippe se tourne vers la para-natation avec l’Association régionale de loisirs pour personnes handicapées des Laurentides (ARLPH). Tant sur le plan psychologique que physique, l’activité procure le plus grand bien au jeune athlète qui est approché pour son aisance dans l’eau par l’instructeur en chef Bernard Oligny, après seulement trois semaines de pratique.
C’est seulement au bout de 3 mois que Philippe participe à sa première compétition, le fameux Défi Sportif, au complexe Claude Robillard de Montréal.
Tous les nouveaux para-nageurs des environs étaient présents pour cette compétition provinciale et c’est cette première expérience qui a donné au futur nageur du club de Mégophias le goût d’aller plus loin. D’expériences en expériences, Philippe en est venu à développer ce qui resta par la suite ses spécialités : le 400m libre et le 100m papillon.
Un parcours rocambolesque : des défis à relever, sans jamais abandonner
Avant d’arriver à la qualification paralympique aux Jeux de Paris 2024, point culminant de la carrière de Philippe Vachon, le para-nageur a connu bien des succès, malgré les obstacles qui se sont présentés à lui.

Philippe Vachon dans le bassin – Photo : Courtoisie
‘’Mon parcours pour arriver au Jeux ? Il a été rocambolesque. On pourrait le comparer à des montagnes russes. Il y a eu tellement d’embûches’’, livre-t-il.
Malgré ses dix entraînements par semaine, la progression de Philippe – notamment sur le plan musculaire – était ralentie par son handicap. Mais le nageur de Trois-Rivières ne reculait pas face aux défis imposés par sa condition et répondait présent aux plus grands rendez-vous internationaux, tels que les Jeux du Commonwealth de 2018, en Australie. Philippe raconte :
‘’Mes meilleurs souvenirs seront aux Jeux du Commonwealth en 2018. La grande raison étant qu’à ce moment, nous étions jumelés avec les génériques. Penny [Oleksiak, championne olympique du 100m libre à Rio], Taylor [quadruple médaillée olympique], ou encore Kylie [Masse, quadruple médaillée olympique] : les gros noms de la natation canadienne étaient là. La couverture médiatique était impressionnante. Plus grande que tout ce que j’avais vu auparavant. D’ailleurs, la natation est le sport par excellence en Australie, donc il y avait 10 000 personnes dans les estrades, matin et soir. C’était malade. Le fait aussi d’avoir remporté une médaille de bronze et d’avoir monté sur une marche du podium fut un moment que je n’oublierai jamais.’’

Philippe Vachon nage le papillon – Photo : Courtoisie
Fort de cette expérience, Philippe arrivait avec la plus grande motivation pour se tenter de se qualifier aux rendez-vous internationaux suivants. Mais sa reclassification (de S8 à S9) est venue bouleverser ses plans, lui qui avait pour première ambition de se qualifier dans sa catégorie pour les Jeux de Tokyo. L’épisode de la Covid l’a lui aussi impacté, lui qui a dû se battre pour trouver une piscine afin de pratiquer et maintenir son niveau pour se faire reclassifier et espérer performer aux Jeux.
Ce n’est qu’en 2022 que Philippe obtient la reclassification tant attendue, à un moment où il pensait sa carrière terminée et où il avait déjà repris un emploi et ses études à temps plein.
Avec l’ambition de décrocher sa qualification pour les Jeux de Paris 2024, Philippe a repris l’entraînement intensif et travaillé dur pour enfin toucher du doigt le rêve paralympique.
Paris 2024 : le dernier plongeon avant de nouvelles aventures
Après des années d’efforts et de persévérance, Philippe Vachon a obtenu son billet pour ses premiers Jeux paralympiques à l’âge de 29 ans et cet accomplissement s’accompagne de nouvelles perspectives pour l’athlète qui prend sa retraite sportive après ce retour palpitant sur la scène internationale, à l’occasion des Jeux.

Philippe Vachon en plein plongeon – Photo : Courtoisie
Engagé avec le relais mixte canadien du 4x50m libre et en individuel sur sa distance de prédilection, le 400m libre, où il obtient le 11e temps, Philippe Vachon nous raconte ce qu’il a vécu comme étant le plus beau moment de son aventure paralympique :
‘’C’était juste avant de faire ma 1ère course individuelle. Avant d’aller sur le bloc. Nous étions dans la salle d’attente et quand ils nous ont dit de nous lever pour se diriger vers le bloc j’ai pu voir le dos de tous mes adversaires. Je pouvais lire ‘’Espagne’’, ‘’USA’’, ‘’Italie’’ ,‘’Chine’’… C’est un moment dont je vais me souvenir encore longtemps. C’était pour moi une façon de réaliser que j’étais arrivé à mon objectif…arriver au sommet.
Après cette dernière occasion qu’il a eu de représenter le Canada, Philippe Vachon poursuit désormais son aventure de vie, en dehors des bassins, avec de beaux projets : la fin de ses études, l’acquisition de sa première maison et une toute nouvelle carrière qui s’apprête à commencer : celle de jeune père.
Philippe envisage aussi de continuer à donner de la voix aux parasports et d’intervenir lors de conférences avec son message qui pour lui, est une véritable leçon de vie :
‘’Ce n’est pas parce qu’on a un handicap que l’on ne peut pas atteindre son objectif. Oui, on risque de partir en arrière, oui on risque d’avoir plus d’embûches sur son chemin, mais ce n’est pas parce qu’il y a des embûches que tu ne peux pas t’accomplir. Si tu es capable de t’adapter, si tu es capable de trouver des solutions, avec un peu de réalisme et de travail, tu peux atteindre tout ce que tu veux.’’

Philippe Vachon et le drapeau canadien – Photo : Courtoisie
– J. Robszye, Parasports Québec