Personnalité Parasports Québec – Février 2021

On pourrait presque dire qu’elle a eu plusieurs vies : escrimeuse en fauteuil roulant de haut niveau, expatriée en Asie et aujourd’hui animatrice et conférencière. Celle que l’on verra à l’animation de certains épisodes de la série développée par Parasports Québec « 2 minutes Au-delà des limites » a été élue Personnalité du mois de février.

« Je voudrai faire connaître les athlètes et différents sports paralympiques afin d’encourager les personnes qui pensent qu’elles ne peuvent pas faire du sport. Je vais me battre toute ma vie pour donner ça aux autres. Les premières limites, c’est nous qui nous les imposons. »

Le ton est donné. Lorsque Camille Chai fait cette affirmation, elle sait de quoi elle parle.

Le sport pour se dépasser

Camille Chai se souvient de son passage à l’école primaire. Dans les cours d’éducation physique, au moment de former les équipes, la jeune fille qui n’avait pas de bras gauche ni de jambe gauche n’avait pas peur d’être la dernière choisie.

« Ça ne m’a pas traumatisé, au contraire ! Je me disais que ça ne se passerait pas comme ça tout le temps ! Je voulais tellement participer à tous les jeux que j’ai réussi à faire mes preuves et ensuite, ce n’était plus moi qui étais la dernière choisie. Je donnais mon 100 %, même si j’avais juste une main pour tenir mon bâton de hockey ou faire des paniers au basket. Les jeunes voyaient mon potentiel. »

Dans la cour de récréation, c’est au ballon-poire que Camille Chai voulait se surpasser. « J’étais la reine du ballon-poire. Les jeunes faisaient la file et voulaient me détrôner, mentionne-t-elle en riant. Je me souviens qu’à mon retour en classe après avoir frappé le ballon pendant 20 minutes, ma main tremblait pour écrire dans mon cahier, sauf que c’était un beau problème. »

Cette confiance en elle n’est pas tombée du ciel, mais bien de l’éducation parentale. Un sein équilibre entre la liberté et l’encadrement, le tout, toujours accompagné d’un amour indéfectible. La jeune femme raconte ses premiers coups de pédales sur un vélo adapté.

« Les spécialistes de la santé voulaient que je commence doucement, alors que mon père m’encourageait à juste pédaler et foncer. […] Quand je tombais dehors en marchant (avec ma prothèse), mes parents ne m’aidaient pas à me relever et ils ont vite compris qu’ils n’avaient pas à agir en fonction de la peur des autres. Ils ne voulaient pas non plus se projeter trop loin en avant. Ils vivaient le moment présent avec moi et c’est ce qui faisait que de jour en jour, que j’évoluais. »

Certains auraient pu trouver cette éducation trop stricte, mais pas Camille Chai. Apprendre à vivre le moment présent est d’ailleurs le conseil qui revient le plus souvent pour passer à travers la pandémie qui fait partie de notre quotidien depuis bientôt un an.

« Oui, ça sonne cliché de parler du pouvoir du moment présent, mais c’est le seul moment où on a une prise sur notre état intérieur. Je ne me ferai pas du mal aujourd’hui pour savoir ce qui va se passer ou pas demain. Le moment présent, c’est important, car c’est la plus grande richesse que l’on a. »

Rapidement au haut niveau

Pas étonnant que plusieurs années plus tard, Camille Chai s’est retrouvée dans l’équipe canadienne d’escrime en fauteuil roulant. Son passage dans le sport de haut niveau n’aura duré que trois ans et elle émotive lorsqu’elle revient sur ces années où elle a notamment remporté l’or à l’épée et le bronze au sabre aux Championnats panaméricains.

C’est le vétéran de l’équipe canadienne Pierre Mainville qui l’a prise sous son aile.

Ce qui l’a le plus marquée dans ses compétitions internationales, ce ne sont pas les résultats. « Quand tous les combats étaient commencés sur le site de la compétition, je voyais les prothèses de jambe qui étaient partout. Notre handicap était mis de l’avant, mais on se transformait en guerriers. C’est exactement la vision dans laquelle j’ai grandi, mais aussi, c’est une image incroyable qui est projetée aux spectateurs. »

L’escrimeuse a décidé de mettre un terme à sa carrière il y a deux ans et demi, principalement pour des raisons financières. Autant son séjour au sein de l’équipe nationale fut formateur, autant on sent un peu de regret pour celle qui aurait aimé poursuivre sa carrière un peu plus longtemps.

« Ça me manque énormément et ç’a commencé tellement vite ! J’ai assisté à un entraînement et une semaine plus tard, j’avais mon premier cours. J’étais sur un nuage et j’ai rapidement développé de nouvelles capacités avec mon corps », se souvient-elle avec fierté.

De retour de trois années passées au Cambodge (son père est d’origine franco-cambodgienne), Camille Chai est aujourd’hui conférencière et animatrice télé et radio. Elle a été à la barre de « 3,2,1… on bouge » et « Pareil pas pareil » à AMI télé et travaille aussi à la radio au Canal M.

La prochaine étape de son parcours sera beaucoup plus personnelle : fonder une famille.

En rafale

Chien ou Chat ?
C’est dur de trancher, mais je vais dire chien

Un talent caché ?
J’adore plier les vêtements pour qu’ils n’aient aucun mauvais pli

Ton plaisir coupable ?
J’aime trop le sel

La chanson que tu écoutais avant un match important ?
« Sail » de Awolnation

Le dernier livre que tu as lu ?
« Ru », de Kim Thuy

Si tu pouvais prendre la place de quelqu’un qui ce serait ?
Ce serait mon grand-père paternel afin de découvrir sa vie au Cambodge et en Afrique

Ton idole sportive ?
Pierre Mainville, parce qu’il a été mon mentor et c’est lui qui m’a accueillie dans le monde de l’escrime en fauteuil roulant

Es-tu plutôt plage ou piscine?
Plage

Ton surnom ?
Cam