La Presse Canadienne

Un peu plus d’un an après avoir vécu les plus beaux jeux de sa carrière, l’athlète paralympique Chantal Petitclerc concrétise un projet qui lui tenait à coeur: nous faire revivre par le moyen de l’écriture les moments magiques qu’elle a vécus à Pékin l’an dernier.

Après six mois de travail, la quintuple médaillée d’or des Jeux paralympiques de Pékin présente 16 jours à Pékin, un ouvrage de 256 pages aux éditions La Presse qu’elle a écrit seule.

«C’était très important pour moi de l’écrire moi-même. Il n’était pas question d’une biographie sur ma carrière car je suis un peu trop jeune pour ça, mentionne la sympathique athlète qui aura 40 ans le mois prochain. Ce livre est un journal qui revient sur mes Jeux de Pékin.

«Les gens ne conservent souvent en mémoire que les grands moments, les victoires. Dans ce livre, je veux leur permettre de découvrir les coulisses, comment ça se passe la vie d’une athlète dans le village olympique.»

 

Petitclerc, originaire de Saint-Marc-des-Carrières, a mis un terme à sa carrière paralympique en apothéose à Pékin, remportant toutes les courses auxquelles elle a pris part – 100 m, 200 m, 400 m, 800 m et 1500 m – et signant au passage deux records du monde.

Ce livre est aussi l’occasion pour Petitclerc de rendre hommage à tous ceux qui ont joué un rôle important dans sa carrière.

«Quand je me suis lancée dans le projet, j’avais déjà le titre en tête et la trame de fond, poursuit-elle. Mais au fil de l’écriture, on prend parfois une direction qui n’était pas envisagée au départ. C’est ainsi que j’en profite pour faire connaître et remercier des personnes importantes pour moi.»

16 jours à Pékin permet également aux lecteurs de constater les progrès réalisés par les athlètes paralympiques depuis 20 ans. Dans une anecdote au sujet de son entraîneur Peter Eriksson, Petitclerc rappelle la grande humiliation qu’elle a vécue aux Jeux du Commonwealth en 1990 à Auckland, en Nouvelle-Zélande, quand on lui avait interdit à elle et à ses coéquipiers l’accès à la piste d’athlétisme par crainte que les boyaux lisses des fauteuils de compétition l’endommagent.

«Je ne me suis jamais sentie aussi humiliée de toute ma vie; je n’ai jamais vécu pareille discrimination» a-t-elle écrit.

«C’est incroyable tous les progrès que le mouvement paralympique a fait en 20 ans», avoue Petitclerc en entrevue. Aux Jeux du Commonwealth de 2007 à Melbourne, en Australie, elle a d’ailleurs agi comme porte-drapeau de la délégation canadienne lors de la cérémonie d’ouverture alors que les épreuves handisports faisaient partie du programme officiel des jeux.

«Aux Jeux de Pékin, nous avons eu droit à une belle surprise car nous ne savions pas trop à quoi nous attendre d’un pays comme la Chine qui avait du rattrapage à faire.»

Un peu à nu

Écrit dans un style vivant, 16 jours à Pékin nous permet de découvrir certaines facettes méconnues de sa personnalité, même certains de ses défauts.

«Je suis plutôt réservée quand il s’agit de ma vie personnelle. Avec l’écriture, on se met un peu à nu. Mais il était important pour moi de rester humble et de ne pas seulement raconter mes bons coups. Même une championne a ses défauts. Il faut être capable de montrer sa vulnérabilité. Je suis très fière d’être allée jusqu’au bout.»

Petitclerc est bien consciente qu’écrire un livre ne fait pas d’elle une écrivaine. Mais elle a suffisamment aimé l’expérience pour envisager d’autres projets connexes.

«Je vais essayer de garder l’écriture dans ma vie, même s’il n’est pas question pour l’instant de remettre ça pour un livre. J’ai plein d’idées, comme de rédiger des chroniques», précise Petitclerc, qui se passionne notamment pour le cinéma, la littérature, la mode et la santé.

«J’ai un grand respect pour les choses bien faites. C’est pour ça que j’envisage de chercher les outils pour bien le faire.»

Dans l’immédiat, Petitclerc, élue athlète par excellence en 2008 au pays par La Presse Canadienne, n’a pas tourné la page à la compétition. Après avoir excellé sur les pistes comme sprinteuse, elle a pris la décision de se convertir au marathon en fauteuil roulant.

«Le marathon de Boston représente mon prochain défi. C’est une nouvelle distance, je me suis entourée d’une nouvelle équipe et je m’entraîne hyper fort.»

Marc Delbès

La Presse Canadienne