Personnalité Parasports Québec – Avril 2021

L’entrevue avec lui était prévue au mois de mars, mais elle a dû être repoussée. L’interviewé, Dany Audet, était alors cloué au lit, malade, fiévreux et en panne d’énergie à un point tel qu’il croyait avoir attrapé la COVID-19. Heureusement, ce ne fut pas le cas et cela ne l’a pas empêché, à peine deux semaines plus tard, de remporter le tournoi de e-sport adapté du jeu Rocket League organisé par Parasports Québec avec son coéquipier Bilal Rahmani.

« Je suis top shape, mais je ne veux plus jamais revivre ça ! » lance Dany Audet avec bonne humeur pour expliquer ces semaines qui ont eu des allures de montagnes russes. Le joueur de 31 ans mentionne qu’il n’était pas pleinement rétabli de son abcès à une dent le 28 mars dernier, journée de la présentation de la première édition de ce tournoi de jeu vidéo réservé aux athlètes de powerchair soccer.

« C’est mon instinct de compétiteur et toutes les heures passées à jouer depuis trois ans qui ont fait la différence. J’ai joué à des jeux vidéo depuis mon enfance, alors je m’y connais », commente celui qui a été nommé joueur le plus utile du tournoi.

Rockey League : du powerchair soccer virtuel et bonifié

Dany Audet pratiquait déjà le powerchair soccer avec son club à Lévis lorsqu’il a appris l’existence du projet pilote de e-sport mis en place par Parasports Québec en collaboration avec la Fédération québécoise de sports électroniques. C’est donc avec un intérêt marqué qu’il a voulu prendre part à ce projet, lui qui se passionne pour les jeux vidéo depuis son enfance.

Le choix du jeu Rocket League n’est pas anodin, car il s’apparente à celui du Powerchair soccer, à l’exception que dans la version virtuelle, les joueurs doivent contrôler une voiture qui offre des options bonifiées (comme voler dans les airs et effectuer différentes manœuvres) pour mettre un ballon dans le filet adverse.

« C’est un peu le même principe (que le powerchair soccer) et j’ai vraiment accroché, car c’était un jeu assez technique. Le jeu s’est beaucoup amélioré au fil des années », poursuit celui qui joue au powerchair soccer depuis près de 10 ans.

Lorsqu’il a été informé du projet-pilote, il n’a pas hésité au moment de s’inscrire.

« Je n’ai même pas réfléchi et c’était une occasion de partager mon expérience. J’ai tout le temps été un joueur solitaire en ligne avec des gens que je ne connaissais pas. Là, de jouer en équipe, j’ai trouvé que c’était une belle occasion de socialiser. Le sport d’équipe est plus présent, car on se parle avec des micros. »

Dany Audet ne veut pas trop pavoiser, mais il se doutait bien qu’il serait parmi les meilleurs en raison de son expérience.

« J’ai été surpris, car il y a quand même eu de la compétition. À un moment donné, je ne pensais pas gagner. Malgré leur handicap, certains joueurs m’ont surpris par leur manière de jouer. […] Si ça avait été trop facile, je n’aurais pas eu de fun. Maintenant, j’espère de tout mon cœur que ce projet-pilote va mener à une organisation de para e-sports. Ce serait vraiment le fun et intéressant ! »

Les bienfaits du jeu

Un tournoi réservé aux parajoueurs, ça change quoi ? pourrait-on se demander à propos des compétitions de e-sport. Bien des choses selon Dany Audet, à commencer par les capacités physiques. À titre d’exemple, il explique que son coéquipier Bilal pouvait jouer avec seulement une main en raison de son handicap.

Pour sa part, Audet est atteint de myasthénie congénitale qui se caractérise par un problème à la jonction entre les nerfs et les muscles ce qui affecte son tonus musculaire, dont une difficulté de déplacement. Il rêve du jour où une équipe de joueurs handicapés réussirait à en battre une formée de joueurs qui ne le sont pas.

« Il y a beaucoup de préjugés envers les personnes handicapées et ça n’a pas lieu d’être. Tout le monde peut avoir du talent, même si tu es assis dans un fauteuil roulant. Je me suis déjà fait juger dans des compétitions avec des personnes non handicapées. Et finalement, j’étais meilleur qu’elles. Il faut que le monde arrête avec ça. »

 

En rafale

Chien ou Chat ?
Chat. Je n’en ai pas, car je suis trop occupé.

Le dernier film que tu as vu ?
La série Qui a tué Sarah ?

Ton mets préféré ?
Des ailes de poulet.

Ton idole sportive ?
Ma blonde, Véronique Major, qui fait du hockey-luge et qui a déjà été membre de l’équipe canadienne.

Un talent caché ?
Je suis bon pour réconforter quelqu’un.

Si tu pouvais prendre la place de quelqu’un qui ce serait ?
Je ne prendrais pas la place de personne, car je n’envie personne.

Un endroit que tu aimerais visiter ?
J’aimerais aller à Tokyo au moins une fois dans ma vie.

Ta matière préférée lorsque tu étais à l’école ?
J’haïssais toutes les matières de façon égale.