Journal Adsum

Par Philippe Brassard

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À l’approche des Jeux paralympiques de Vancouver, une dizaine de soldats blessés de Valcartier ont été initiés au hockey sur luge, un sport adapté en forte croissance. Pour ces militaires
victimes d’un traumatisme, c’était l’occasion parfaite de retrouver le goût du sport.
 
 
Cette initiation, qui a eu lieu le 24 novembre à l’aréna Clément-Boulanger de la garnison, a été rendue possible grâce à la collaboration de l’Association québécoise des sports en fauteuil roulant (AQSFR), qui voulait donner la piqûre des sports adaptés aux militaires. Le hockey sur luge ressemble en tous points au hockey traditionnel, sauf que le joueur est assis sur une luge équipée de lames de patin à l’arrière. L’athlète utilise deux petits bâtons de hockey, munis de dents de métal au bout de leur manche, pour se propulser sur la patinoire à la
manière d’un skieur. Sans trop savoir à quoi s’attendre, des militaires blessés ont ainsi pu essayer le hockey sur luge avec quatre athlètes québécois, dont Benoit St-Amand, gardien de but dans l’équipe
canadienne.
 
L’adjudant Sylvain Latulippe du 5e Régiment du génie de combat fait partie de ces militaires. Ce dernier a recommencé à marcher sans aide il y a environ trois semaines, lui qui a été victime d’un engin explosif improvisé le 18 juin à Kandahar. Expulsé de son véhicule, il a été gravement blessé aux deux jambes,
et il se considère chanceux de les avoir encore. L’adj Latulippe constate que sa bonne forme physique préalable et l’entraînement ont eu un impact positif sur sa guérison, qui a été plus rapide. Il a notamment
utilisé un vélo spécial à trois roues, sur lequel on pédale avec les bras. «L’entraînement a fait une grosse différence et m’a permis de rester positif», indique-t-il. À son avis, au stade où il est rendu, il n’y a rien de mieux que les sports adaptés pour continuer sa guérison. De plus, le sport aide selon lui à sortir de l’isolement. «J’ai connu l’isolement, la chaise roulante, le fait d’avoir beaucoup de limitations. Ces sports permettent au niveau militaire de rencontrer d’autres personnes qui sont blessées, et en même temps, ça permet de dépenser son énergie», dit-il, croyant au principe d’un «esprit sain dans un corps sain».
 
Pour ces raisons, il entend pratiquer le hockey sur luge dans le futur. Afin de diversifier ses activités, il essaiera aussi le ski de fond adapté le 19 décembre à Valcartier. En ce moment, Véronique Côté, spécialiste régional en conditionnement physique adapté au sein des Programmes de soutien du personnel (PSP), a pour projet de démarrer une équipe de hockey sur luge pour les blessés à Valcartier, ou du moins de favoriser l’intégration des militaires au sein des organisations civiles. L’adj Latulippe s’est montré très intéressé par ce projet.
 
DÉCOUVRIR LE HOCKEY SUR LUGE
 
Le sergent Katy Richer, agent en rétablissement et transition au Centre intégré du soutien du personnel (CISP), tenait également à vivre l’expérience du hockey sur luge, même si elle n’a pas de handicap. Sa tâche consiste à accompagner des militaires blessés dans leur processus de retour au travail. Ainsi, elle trouve important pour un soldat blessé d’essayer un sport adapté. «Ça lui permet d’ouvrir l’éventail des sports auxquels il peut participer. Si la personne a toujours aimé les sports plus durs, le hockey sur luge peut faire, car malgré les petites différences, le fondement reste le même», constate t’elle, ajoutant que ce sport encourage aussi l’esprit de groupe. À l’avenir, le sgt Richer fournira de l’information sur les sports adaptés aux soldats qu’elle côtoie au quotidien.
 
Selon Marc-Antoine Ducharme, coordonnateur de l’AQSFR, les règles du hockey sur luge restent les mêmes qu’au hockey – les mises en échec sont permises – sauf qu’aucune collision perpendiculaire n’est tolérée. Ce sport renforce considérablement le haut du corps, ce qui facilite les tâches quotidiennes de l’athlète. Autre avantage, les personnes sans handicap peuvent jouer au hockey sur luge avec les personnes handicapées, permettant ainsi de créer des liens sportifs qui font fi des situations physiques de chacun. de sortir et d’avoir des interactions avec leurs pairs», précise le médecin physiatre. Ce dernier nuance toutefois ses propos en précisant que ce ne sont pas tous les individus qui pourront devenir des athlètes, puisque beaucoup dépend de leur condition physique avant le traumatisme. «Je ne voudrais surtout pas insinuer qu’on va créer des paralympiens par la pratique du sport de tous nos soldats. Mais cela va de soi que tout le monde devrait intégrer des habitudes de vie saines au quotidien», affirme-t-il.
 
DES RESSOURCES ACCESSIBLES
 
Lorsque le physiothérapeute du centre de réadaptation (comme l’IRDPQ) juge que le militaire a atteint ses objectifs en réadaptation physique, ce dernier est pris en charge par de nouveaux spécialistes régionaux du conditionnement physique adapté, qui peuvent le diriger vers les sports adaptés. Véronique Côté occupe ce poste au Québec, au sein des Programmes de soutien du personnel (PSP). De son bureau situé au Centre des sports de la Garnison Valcartier, elle accompagne les soldats blessés dans le processus de remise en forme.
 
Pour elle, les sports adaptés représentent le chemin à privilégier. À la suite d’une blessure, un soldat doit entraîner sa force musculaire et son endurance, de même que sa performance cardiovasculaire et il s’agit là d’un défi majeur. «Des fois, simplement s’entraîner sans avoir d’objectif précis, c’est moins motivant. Les sports de groupe peuvent être très bénéfiques pour la motivation», dit-elle. «L’idée, c’est de les mettre dans un contexte de sport, où ils n’ont pas l’impression de travailler, mais plutôt l’impression de s’amuser», souligne Mme Côté. Cette approche a aussi un impact positif sur la santé psychologique, car le sport favorise l’entraide entre coéquipiers et le dépassement de soi. D’ailleurs, un programme des Forces canadiennes, appelé «Soldat sans limite», a été créé précisément pour encourager la pratique des sports adaptés et prévoit un fonds qui permet aux soldats blessés d’obtenir du financement. Ce fonds peut effectivement couvrir les dépenses sportives, telles que l’achat d’un fauteuil spécialisé, les services d’un entraîneur, ou encore les dépenses de compétition. Dans la région de Québec, Véronique Côté est le point de contact par excellence pour ce programme.
 
Pour plus d’information sur les sports adaptés : à
Valcartier, Véronique Côté au 418 844-5000, poste
3981 ou encore www.aqsfr.qc.ca