C’est un chemin parsemé de défis qu’a traversé le sport adapté au Québec. Une aventure qui se poursuit aujourd’hui, mais que Donald Royer quitte après avoir contribué pendant près de 50 ans à faire rayonner ce mouvement.

Le Sherbrookois libérera son poste au sein du conseil d’administration de Parasports Québec en juin après s’être impliqué de maintes façons et après avoir directement ou indirectement changé la vie de nombreuses personnes.

Parasports Québec vous propose une série de trois textes retraçant le parcours de M. Royer au fil du temps. Un parcours inspirant de celui qui a joué un rôle prépondérant dans le développement des sports paralympiques.

Les débuts

Le basketball en fauteuil roulant, qui en était à ses balbutiements au Québec, a piqué la curiosité d’un jeune Donald Royer. Il n’a pas tardé trop longtemps à trouver sa place dans cet environnement.

« À la fin des années 60, Roger Mondor a mis sur pied la Fédération des loisirs et du sport pour personnes handicapées du Québec et m’a approché pour entraîner. Je n’y connaissais rien, mais en arrivant à Montréal, j’ai bien vu que c’était le même gymnase, le même ballon et les mêmes paniers », se souvient celui qui jadis, était entraîneur de basketball debout à l’Université de Sherbrooke.

Il a ainsi décidé de continuer pour le reste de la saison, puis pour une seconde, pour finalement s’investir durant environ cinq décennies.

À l’époque, seuls les Wheelchair Wonders de Montréal jouissaient d’un réel encadrement en basketball en fauteuil roulant dans la province et disputaient la majorité de leurs matchs dans le cadre d’activités de financement.

L’équipe avait tout de même pris part aux Jeux de Stoke-Mandeville (ancêtres des Jeux paralympiques) en Angleterre, en 1953, une première pour le Canada.

Ce sport, surtout pratiqué par les anglophones, gagnait en popularité dans la métropole.

Les nombreux obstacles

« Le mouvement a grandi et d’autres sports se sont greffés, mais on ne peut pas dire que les athlètes étaient hautement reconnus », raconte M. Royer, dont l’ambition n’a jamais fait de doute.

Ses objectifs pour les parasports étaient clairs : donner une crédibilité au sport adapté similaire à celle dont profite le sport olympique, en plus de s’assurer que le mouvement soit à la fois reconnu et respecté par la population.

« Ce qu’on entendait souvent, c’était que les athlètes étaient des gens « courageux ». Les gens se disaient impressionnés par leur dynamisme et leur désir de faire quelque chose, mais ne les reconnaissaient pas nécessairement comme des athlètes », explique-t-il au sujet de cette image réductrice aux effets néfastes.

D’abord, les athlètes en fauteuil roulant ne recevaient pas de soutien financier comme les autres athlètes. Ils n’avaient droit à aucune couverture médiatique et « n’étaient pas pris au sérieux ». L’accès aux gymnastes et aux toilettes a également nui à la participation des athlètes en fauteuil roulant, ce qui a requis des changements au code du bâtiment…et à la vision des gens.

Un simple exemple parmi tant de bras de fer qu’a dû mener Donald Royer durant sa carrière.

Sa crédibilité et sa notoriété dans le milieu sportif québécois ont toutefois joué en sa faveur et en celle des parasports. Après avoir pratiqué plusieurs sports à l’Université de Sherbrooke, il a joué au basketball à l’Université Penn State, puis était dans l’entourage de l’équipe à Florida State lorsqu’il a fait son doctorat en physiologie de l’activité physique. Professeur et entraîneur d’équipe sportive universitaire, sa feuille de route avait de quoi en impressionner plus d’un et ne passait pas inaperçue.

Il a donc monté les échelons en passant par les postes d’entraîneur, de membre des différents conseils d’administration et de président des fédérations.

Des premières retombées

Selon Donald Royer, le combat pour soigner l’image des parasports a débuté en s’attaquant à la structure du sport. Année après année, des ajustements ont été apportés afin de façonner une réelle organisation. Des entraîneurs chevronnés ont mis la main à la pâte et des officiels d’expertise ont commencé à arbitrer les parties.

« Je connaissais bien les gens à Basketball Québec, on a eu des arbitres qui possédaient certaines notions et on a organisé des cliniques. Ce n’était plus quelqu’un qu’on ramasse sur le bord de la rue en lui donnant un sifflet pour qu’il l’utilise à l’occasion! » ajoute-t-il.

Aussi, M. Royer a fait tout en son pouvoir pour que le mouvement gagne en popularité à l’extérieur de Montréal. L’intérêt s’est accentué et grâce à ses associés et leur travail commun, une nouvelle dynamique s’est installée.

En 1984, l’Association québécoise des sports en fauteuil roulant (AQSFR) a vu le jour. Elle sera reconnue quelques années plus tard par le gouvernement provincial et recevra des subventions en tant qu’organisme officiel de régie du sport en fauteuil roulant.

Pendant ce temps, des Québécois s’illustrent de plus en plus sur la scène internationale. « Il y avait un mur et graduellement, il s’effritait », image Donald Royer.

La crédibilité se forgeait, le respect et la reconnaissance des paires s’en suivaient. Bientôt, petits et grands allaient idolâtrer ces athlètes d’excellence.

À venir vendredi prochain : l’émergence des athlètes et leur rôle selon Donald Royer.