Objectif: Jeux du Canada

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L’enseignante d’anglais du secondaire de Jean-Philippe Maranda répétait souvent qu’à cœur vaillant, rien n’est impossible. Une phrase qui a grandement marqué l’adolescent d’alors et qui habite l’homme qu’il est devenu.
Les épreuves, l’adversité, les difficultés, les embûches, l’athlète de 26 ans en connaît un chapitre et un autre sur le sujet. Épopée d’un parcours sinueux vers le podium olympique.
 
En 2000, le Beauceron, qui est maintenant établi à Sherbrooke, débarque aux Jeux du Québec pour participer à sa première compétition d’haltérophilie du haut de ses 14 ans bien comptés. Il finira bon dernier. Jamais il n’aura réussi à lever l’haltère. Trois zéros sont inscrits sur sa fiche de résultats. «  Ce sont les seuls zéros que j’aurais eus dans ma vie.  »
 
Deux ans plus tard, Jean-Philippe se présente à nouveau aux Jeux du Québec. À trois reprises, on lui accroche une médaille d’or au cou. «  Plusieurs se demandaient d’où je sortais. J’arrivais de nulle part!  » raconte-il en éclatant de rire.
Des marches de podiums, il en a montées plusieurs au fil des années jusqu’à penser à gravir celles de Pékin, aux Jeux olympiques de 2008.
 
«  J’étais le meilleur au Canada à l’épaule et jeté. J’étais le premier homme de la liste canadienne. Les Olympiques, c’était assuré  », se rappelle-t-il, nostalgique.
Le destin, cruel, en a décidé autrement. Si Jean-Philippe Maranda espère un jour décrocher une médaille olympique, il devra le faire en fauteuil roulant.
«  J’étais venu à une compétition à Sherbrooke et plutôt que de retourner chez moi, en Beauce, j’ai pris la direction de Montréal où je devais recevoir une bourse de la Fondation de l’athlète d’excellence. Une bête perte de contrôle a fait en sorte que j’ai eu un grave accident de la route  », raconte, sans émotion, l’étudiant en finances de l’Université de Sherbrooke.
 
Plusieurs tonneaux plus tard, Jean-Philippe Maranda se retrouve éjecté de sa voiture, à quelque part sur l’autoroute 10, près de Saint-Jean-sur-Richelieu. «  J’étais conscient. Une personne est venue à mon secours et je lui ai dit que j’étais correct. C’est quand j’ai essayé de me lever que j’ai compris que quelque chose n’allait pas.  »
 
Paraplégique : un nouveau mot que Jean-Philippe Maranda a dû ajouter à son vocabulaire. Chaise roulante : un nouvel objet qu’il a dû intégrer à son quotidien. Plus jamais il ne marcherait.
«  Le plus dur a été de faire mon deuil olympique  », laisse-t-il tomber. Démonté, l’athlète ne le restera pas longtemps. «  Les Olympiques, je vais y aller en roulant  », affirme-t-il.
À peine trois semaines après avoir reçu son congé de l’hôpital, l’ex-haltérophile enfourchait déjà son vélo adapté. «  J’ai aussi essayé le volleyball. On m’a ensuite proposé la course. Je n’ai pas accroché tout de suite. Je n’avais pas la capacité physique de l’apprécier.  »
C’est l’entraîneur du Club d’athlétisme de Sherbrooke, Jean Laroche, qui a réussi à le convaincre qu’il avait de l’avenir dans le domaine. «  Il a un physique au potentiel énorme! Il travaille fort, c’est dans son code génétique. Il a ce qu’il faut pour aller loin. Il a fait écarteler les yeux de bien du monde!  » soutient son entraîneur.
De dernier à premier, prise 2
L’histoire se répète : à sa première compétition en fauteuil roulant, il termine au dernier rang. «  J’étais pourri! Ce n’était pas vraiment beau à regarder!  » rigole-t-il. À l’hiver 2012, le travail acharné et l’acquisition d’un nouveau fauteuil, à 6000 $, change la donne. «  Aux provinciaux, qui ont eu lieu l’été d’après, j’ai gagné trois médailles sur les cinq épreuves auxquelles j’ai participées!  »
Les probabilités sont fortes de voir Jean-Philippe Maranda avec l’or au cou en août prochain au stade de l’Université de Sherbrooke, mais le coureur reste lucide : «  Rien n’est acquis  », rappelle-t-il.
Souhaitons-lui que le destin le laisse réaliser son rêve olympique maintenant.
Âge:
 
26 ans
Ce qui joue dans son iPod?
 
«  J’écoute plein de choses mélangées sur mes listes d’entraînement comme du Hall of Fame, du Rhianna ou du Chris Brown.  »
Le livre qu’il recommanderait à tout le monde?
 
Grand amateur de pièces de théâtre (il les lit, assiste rarement à des représentations), sa préférée reste Un simple soldat de Marcel Dubé. «  J’ai aussi beaucoup aimé Huit femmes qui est très drôle. Ce n’est pas rare que je fouille sur YouTube à la recherche de nouveaux extraits.  »
 
Le dernier film qu’il a vu ?
16 lunes
 
Comment gagnera-t-il sa vie après sa carrière d’athlète ?
«  Je souhaite travailler dans les valeurs mobilières, en gestion de portefeuille.  »
 
Pour faire tomber le stress, il…
 
«  Je me dis que je vais faire du mieux que je peux et le reste viendra. Je fais beaucoup de sport comme du ski alpin. Je veux même m’acheter un vélo de montagne!  »
 
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