Parasports Québec

8 juillet 2012 – «Pendant leur réadaptation, les personnes handicapées passent du « pourquoi ça m’est arrivé » au « comment je vais vivre avec »», explique Pierre Pomerleau, empruntant les mots de l’un de ses plus illustres disciples, Dean Bergeron. «C’est là que le déclic de la pratique sportive se fait. Ça leur donne un objectif sur lequel se concentrer. Elles se mettent plus à penser à leurs performances qu’aux problèmes liés à leur handicap.»

Il en connaît un rayon sur les performances d’athlètes handicapés. Il a entraîné Bergeron toute sa carrière. Le sprinteur en fauteuil roulant de Québec a pris part à quatre Jeux paralympiques, en ramenant trois médailles d’or. Pomerleau a aussi été le premier entraîneur d’une certaine Chantal Petitclerc, athlète paralympique la plus décorée de l’histoire canadienne avec 14 médailles d’or en cinq Jeux.

À sa sortie de l’Université Laval, en 1982, l’éducateur physique s’est trouvé un boulot avec l’organisme Adaptavie, dont les activités sportives destinées aux handicapés se déroulent à l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec (IRDPQ), alors Centre François-Charon. De fil en aiguille, il décroche un emploi au centre de réadaptation du boulevard Wilfrid-Hamel, en 1983.

 

Pomerleau n’est pas handicapé. Son déclic, lui, il l’a eu en regardant la télé. André Viger venait de rouler le marathon de Montréal en moins de deux heures. La barre psychologique ultime jamais franchie par un marathonien debout. «Ç’a été une révélation. Je ne comprenais pas comment c’était possible!» s’exclame-t-il, encore impressionné par une telle performance réussie à la force des bras.

C’est là qu’il est devenu entraîneur de champions. D’abord Luc Gingras, puis Petitclerc et Bergeron. En 1990, il crée un volet adapté au sein du club d’athlétisme du Rouge et Or de l’Université Laval, qui s’éteindra à la retraite de Bergeron, en 2008, faute d’athlètes.

Succès discret

Aujourd’hui, rien ne distingue son petit bureau de ceux de ses voisins, dans l’aile F de l’IRDPQ. Quatre murs blafards, sans fenêtre, à peine de la place pour deux chaises. Mais un trophée, quelques médailles et des photos racontent leur histoire. Ici, Bergeron triomphant à Pékin, aux Jeux de 2008. Là, une simple carte postale avec le visage de Petitclerc signée : «Pierre, merci pour tout!»

Aussi, la photo de Sébastien Fortier, paralympien en ski de fond en luge à Vancouver, en 2010. L’un de ses deux protégés avec le club régional Skibec, dont il est l’entraîneur du volet paranordique. Plus d’une vingtaine d’athlètes handicapés de haut niveau sont passés entre ses mains.

Paralympiques et olympiques

Une demi-douzaine d’athlètes de la région participeront aux Jeux paralympiques de Londres, du 29 août au 9 septembre. Tout comme Oscar Pistorius, ce sprinteur sud-africain amputé des deux jambes qui, quelques semaines plus tôt, est devenu le premier handicapé à prendre part aux Jeux olympiques traditionnels.

«Sa participation aux Olympiques est une bonne affaire», croit Pomerleau, toutefois incapable de trancher sur l’avantage ou non que confèrent à Pistorius ses prothèses de carbone. «Mais lui, c’est le summum. Il est utopique de penser que quelqu’un de plus atteint que lui pourrait espérer se rendre là un jour.»

Il rappelle au passage le rendez-vous raté avec l’histoire du fondeur aveugle albertain Robin McKeever, en 2010, passé à un cheveu de prendre le départ du 50 km olympique.

Spécialiste des blessés médullaires, c’est-à-dire atteints à la moelle épinière, Pomerleau n’en a pas que pour l’élite. Il souhaite mettre sur pied un club de paracyclisme à Québec. Une randonnée caritative est prévue le 15 septembre, de Donnacona et de Baie-Saint-Paul jusqu’à Québec. Il veut faciliter l’achat d’équipement sportif spécialisé. Un vélo à mains comme ceux qui sillonnent le quartier de l’IRDQ coûte au bas mot 3000 $. Le Challenge hivernal, pendant blanc à Québec du Défi sportif de Montréal, gagne quant à lui ses lettres de noblesse. Une association avec le Pentathlon des neiges se profile.

Rédaction: Olivier Bossé