Chantal Benoit: Athlète de la semaine
Par : Marie-Eve Potvin
Montréal, 22 juillet 2010 (Sportcom) – La semaine dernière, la joueuse de basketball en fauteuil roulant Chantal Benoit et ses coéquipières de l’équipe nationale ont mérité la médaille de bronze au Championnat du monde disputé à Birmingham (Grande-Bretagne). Afin d’honorer la performance des Canadiennes, Sportcom nomme la capitaine Chantal Benoit athlète de la semaine du 19 juillet 2010.
En finale pour le bronze, l’athlète de Mont-Saint-Hilaire n’a pas été en reste en inscrivant 14 points. Les Canadiennes l’ont emporté 59-49 contre les Australiennes qui les avaient battues 59-52 en ronde préliminaire.
« J’ai connu un tournoi extraordinaire. J’ai bien joué et bien évalué la situation. Malgré tout, il y a toujours place à l’amélioration », souligne Benoit, qui a excellé dans l’ultime rencontre.
En réunissant un lancer franc, l’attaquante de 49 ans a permis d’égaler la marque, alors qu’il ne restait que 6min 39s à faire à la rencontre. Moins de 30 secondes plus tard, Janet McLachlan a donné les devants à son équipe 47-45 sur une passe d’Élaine Allard, de Saint-Eustache. Ensuite, Cindy Ouellet, de Québec, a assommé le moral de la troupe australienne grâce à deux paniers consécutifs de deux points et les Canadiennes n’ont plus été inquiétées.
« Un match de basketball en fauteuil roulant n’est jamais terminé tant que la sirène ne se fait pas entendre. Dans les dernières minutes de jeu, nous étions en pleine bataille et nous savions que nous étions sur la bonne voie, mais nous ne voulions pas nous accorder la victoire tant qu’il restait des secondes sur le cadran », mentionne-t-elle.
Certains penseront que ce résultat est loin d’être une performance à souligner pour les joueuses de l’unifolié. Cette troisième place témoigne plutôt de la ténacité dont ont fait preuve les joueuses de l’équipe canadienne pour revenir au sommet de la hiérarchie mondiale, elles qui avaient été exclues du podium aux Jeux paralympiques de Pékin en prenant le cinquième rang
« Nous avons une équipe très jeune. Les cinq joueuses qui sont sur la liste partante n’étaient pas présentes il y a quatre ans. Pour nous, la médaille de bronze représente beaucoup. Oui, nous voulions nous rendre en finale pour la médaille d’or, mais il s’en est voulu ainsi. Les filles ont fait preuve de courage et de persévérance. Nous avions un jeu constant et nous étions prêtes à nous battre. Pour nous, cette victoire démontre le potentiel de l’équipe canadienne », affirme la capitaine.
La principale intéressée, quoique étonnée par sa nomination, s’en réjouissait également. « Je suis vraiment contente de la compétition que nous avons connue. Après 26 ans au sein de l’équipe nationale, je suis heureuse de voir que notre équipe peut encore avoir sa place sur le podium », a raconté Chantal très satisfaite.
Une histoire d’amour
Pour Chantal, le basketball en fauteuil roulant a été non seulement un exutoire, mais aussi une grande école de vie. Avec son expérience et ses qualités, l’athlète de 49 ans a été nommée capitaine de son équipe en 2000.
« Chantal est, pour nous tous, un modèle de persévérance. À 49 ans, toutes les joueuses de l’équipe espèrent avoir sa forme physique, soutiens la plus jeune de l’équipe, Cindy Ouellet. Pour moi, elle est ma capitaine, mais avant tout mon mentor. »
Questionnée à décrire son style de leadership, Chantal opte pour empathique. « J’essaie de sentir l’énergie du groupe, ce qui n’est pas toujours facile. J’essaie, également, de montrer l’exemple. Je ne suis pas la personne qui va faire les grands discours dans la chambre. Par contre, lorsque je suis sur le terrain, je donne toujours tout ce que je peux donner.»
Fille d’un père qui a joué au hockey jusqu’à l’âge de 61 ans, Benoit a sûrement hérité de bons gènes. « Le 1er octobre, je vais avoir 50 ans, mais je me sens comme si je n’en avais que 30 ans » déclare Benoit, membre de l’équipe nationale depuis 1987. « Maintenant, je suis non seulement la plus vieille de l’équipe, mais aussi celle dont les gens vont taquiner le plus ! »
«J’ai toujours dit à Chantal qu’elle était plus vieille que ma mère! Depuis que je fais partie de l’équipe nationale, en 2007, elle me surnomme la petite, alors que moi je la nomme madame », affirme Ouellet, qui est de Québec.
1984 à 2010
Depuis les 20 dernières années, l’évolution du basketball en fauteuil roulant a été fulgurante. L’émergence de la technologie et la mise en place des nouveaux règlements ont rendu le sport beaucoup plus impressionnant.
Le Canada a beaucoup aidé à développer ce sport, qui reste encore méconnu du public. « Notre pays a longtemps été un chef de fil en ce qui concerne le développement du basketball, que ce soit pour ses règlements innovateurs ou par ses différentes stratégies imposées. Divers pays tentent de nous imiter. Maintenant, le niveau international est assez relevé et nous pouvons dire qu’il y a une féroce compétition. »
À la suite des Jeux olympiques de Pékin, en 2008, l’équipe canadienne a subi un remaniement important. « Plusieurs joueuses avec qui je joue en étaient à leur premier Championnat du monde. Je sais que les filles ont le talent de se rendre loin dans les prochaines compétitions. »
D’ici le prochain camp d’entraînement, Chantal Benoit tentera d’améliorer quelques points techniques afin de faire partie de l’équipe nationale pour une 27e année consécutive.