Personnalité du mois de février

Carl Marquis est un des pionniers du curling en fauteuil roulant au Québec. Il sera à nouveau un porte-couleurs de l’équipe du Québec au Championnat canadien qui sera disputé à Boucherville du 25 au 30 avril dans le cadre du Défi sportif AlterGo.

« Les carrières des sportifs à mobilité réduite sont souvent plus longues que celles des athlètes debout. Nous avons la capacité de rester plus longtemps ou bien de nous recycler dans un autre sport », mentionne d’entrée de jeu Carl Marquis lorsqu’il revient sur ses trois décennies de sport de haut niveau.

Apprendre un sport au côté du meilleur au monde

Déjà très sportif à l’adolescence, Carl Marquis voit sa trajectoire de vie changer après un accident de ski alpin survenu en janvier 1986. « Je n’étais pas téméraire et c’était plutôt une malchance », explique-t-il à propos de sa chute qui le laissera paralysé des jambes.

Le vent change rapidement de côté pour le jeune homme grâce à son ami hockeyeur et futur gardien de but dans la LNH, Vincent Riendeau, alors porte-couleurs des Canadiens de Sherbrooke, club-école du Tricolore.

« Pendant l’été, il se faisait entraîner par un spécialiste de la musculation à l’Université de Sherbrooke. »

L’homme en question était Jean Laroche, un des entraîneurs les plus réputés en para-athlétisme. Il supervisait aussi les carrières de Jacques Martin, Marc Quessy et surtout, la vedette internationale, André Viger, qui aura une grande influence pour le jeune homme.

« André, il était incroyablement sérieux dans son entraînement. J’ai eu la chance de le côtoyer et c’est comme si un jeune hockeyeur d’aujourd’hui pouvait côtoyer Sidney Crosby », raconte Marquis avec enthousiaste lorsqu’il se remémore cette époque.

« Avec André, nous roulions sur l’autoroute des Cantons-de-l’Est dans l’accotement. C’était l’endroit idéal pour faire des longues distances. Avec Marc et André, on se poursuivait pour rendre l’entraînement le fun. Nous étions toujours en mode compétition, car André nous poussait à exceller et à nous améliorer. »

À sa course de sélection pour les Jeux paralympiques de Barcelone (1992), Marquis manque son premier rendez-vous paralympique. « Il restait 150 mètres à faire à la course de 800 m et je m’en allais finir deuxième lorsque je me suis fait rentrer dedans. J’ai finalement mangé du gazon », se souvient celui qui est aujourd’hui conseiller financier chez Desjardins.

Face à ce nouvel obstacle, Marquis a fait comme à son habitude : redoubler d’efforts et quatre ans plus tard, il n’a pas raté son coup en prenant part aux Jeux d’Atlanta d’où il reviendra avec une médaille de bronze obtenu au 4×400 m. Sa seule médaille ses trois participations aux Jeux paralympiques.

Il prendra part à ses dernières compétitions internationales en 2006, sauf que la retraite sportive n’allait pas durer bien longtemps.

De la curiosité à la passion

Fraîchement retraité du sport et nouveau papa de deux garçons, Carl Marquis reçoit alors un appel de Lyne Tremblay, une athlète en paratir à l’arc.

« Elle m’a dit que le Québec était la seule province au pays où il n’y avait pas de curling en fauteuil roulant et qu’une personne de Curling Canada viendrait au Québec pour nous présenter le sport. Je n’étais pas sûr que ça me tentait et quand je regardais le curling à la télé, je trouvais ça plate à mourir ! » raconte le résidant de Magog en riant.

Au retour de la séance d’initiation, l’idée de pratiquer ce nouveau sport commence à faire son chemin. « J’ai vu que ce n’était pas si simple que ça et que c’était très technique. En fait, c’était comme un jeu d’échecs sur glace », ajoute celui qui ne pensait pas en faire une carrière compétitive et qui pratique aujourd’hui le sport avec ses garçons.

Carl Marquis se fait prendre au jeu et il fait équipe avec Benoit Lessard. Compétitifs, les deux veulent passer à un niveau supérieur, alors ils contactent Germain Tremblay, un ancien entraîneur junior qui vient de s’établir en Estrie. Il accompagne les deux joueurs à un tournoi.

Marquis voit rapidement que Germain Tremblay est aussi innovateur pour le curling en fauteuil roulant que l’a été André Viger pour les courses en fauteuil roulant et cela l’emballe au plus haut point.

« Il a révolutionné le sport dans le monde entier ! Nous utilisons de longs bâtons pour jouer et ce qui tient la pierre, le GTX, c’est lui qui l’a créé. C’est révolutionnaire ! »

Les conseils et la technologie de Tremblay ont permis à l’équipe québécoise de faire partie du top-3 mondial pendant un moment.

Au début 2019, un autre coup de tonnerre s’abat sur Carl Marquis : il doit être opéré d’urgence, car il a contracté la bactérie mangeuse de chair.

« J’ai signé un papier pour les autoriser à amputer ma jambe s’il le fallait, mais j’ai été chanceux. Il n’y avait qu’un petit endroit entre mes orteils, ils ont ouvert ma jambe et les antibiotiques ont fonctionné. J’ai juste une cicatrice et je ressemble à un gars qui revient du Vietnam malmené au combat. »

Il lance cette phrase à la boutade, un an plus tard après cet épisode, comme si ce n’était qu’une simple anecdote.

« J’ai toujours été comme ça : je ne suis jamais resté bien longtemps assis, même si je le suis ! »

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EN RAFALE

 

Le dernier film que tu as vu?
Dragon, avec mes deux garçons.

Tu es premier ministre du Canada demain, quelle sera ta première décision?
Pour réduire la dette, je prendrais une police d’assurance sur tous les nouveau-nés au Canada. Au décès de chaque individu, le gouvernement recevrait l’argent de l’assurance et cela permettrait de renflouer la dette.

Ton idole sportive ?
André Viger et Jacques Martin. Ils ne sont plus avec nous, mais je les ai côtoyés à l’entraînement. Ils étaient de bons amis.

La chanson que tu écoutes avant un match important?
J’aime bien écouter du AC/DC.

Un talent caché?
J’adore travailler le bois. J’ai construit ma maison en poutres apparentes.

La chose que tu aimes le plus dans ton sport?
C’est un mélange d’un jeu d’échecs sur glace, de puissance, de précision et de ruse. C’est très stratégique et c’est physique et de mental

Ton mets préféré?
J’adore les fruits de mer, mais je vais opter pour le pâté chinois