Personnalité du mois de décembre

Retour en 1996. Internet commence tranquillement à faire son apparition dans les foyers québécois, les Canadiens quittent le Forum de Montréal et l’essence se vend au prix de 60 cents le litre. Cette même année, une jeune athlète de 25 ans originaire de Notre-Dame-du-Lac, dans le Bas-Saint-Laurent, participe à ses premiers Jeux paralympiques en para-athlétisme. 23 ans plus tard, Diane Roy est toujours dans le coup sur la scène mondiale comme en font foi ses deux cinquièmes places décrochées aux Championnats du monde qui ont eu lieu à Dubaï, aux Émirats arabes unis, le mois dernier.

Diane Roy est donc nommée Personnalité du mois de décembre de Parasports Québec. En plus de cet honneur, elle a récemment remporté le titre de l’athlète féminine de l’année en para-athlétisme au dernier gala Athlètas de la Fédération québécoise d’athlétisme.

À Dubaï, Roy s’est élancée sur quatre distances et s’est qualifiée pour trois finales dans la catégorie des T54. Elle a obtenu des cinquièmes places au 800 m et au 5000 m, en plus d’avoir fini neuvième au 1500 m. De ses deux cinquièmes places, c’est assurément celle du 5000 m qui lui a procuré une plus grande satisfaction.

« Au 800 mètres, l’objectif était de faire un top-8, alors oui, j’étais contente. Par contre, au 5000 mètres, c’était encore plus satisfaisant, parce que si on analyse les autres participantes, je me voyais plus entre la sixième et la huitième place. D’avoir fini cinquième, ç’a été une belle surprise ! » explique celle qui fêtera ses 49 ans en janvier prochain. « Et en plus, j’ai fini très proche de la quatrième place. Quand j’ai vu que j’avais fini cinquième, j’étais aussi contente que si j’avais fini sur le podium ! »

L’athlète ajoute que ses dernières semaines d’entraînement se sont déroulées dans des conditions climatiques automnales du Québec, qui sont loin d’être celles de Dubaï. Cela a joué en sa défaveur, mais seulement en début de Championnats précise-t-elle.

« Si j’avais passé un mois en Floride avant, j’aurais été encore plus au top. Le 5000 m était en fin de Championnats et je ne sentais déjà plus à l’aise. C’était une belle course ! »

L’expérience, une précieuse alliée

Près de 25 ans sur la scène sportive internationale font en sorte que Diane Roy a tous les outils pour bien gérer ses tactiques de course. En contrepartie, elle doit apprendre à gérer ses efforts physiques. D’ailleurs, elle a mis une croix sur les marathons afin de préserver son cou, même si elle avait été sacrée championne du monde de l’épreuve en 2006.

« Je réagis instinctivement et l’expérience y est pour beaucoup, avance la Sherbrookoise. Ça faisait longtemps que je n’avais pas tripé comme ce fut le cas dans mon 5000 mètres à Dubaï. Quand tu es jeune, tu as plus d’énergie et tu en veux encore plus. Là, la motivation est plus difficile pour moi. Je dois plus me botter le derrière qu’avant. Si je m’entraînais en Illinois avec le groupe des Américaines, j’y arriverais. Mais là, toute seule, c’est plus difficile. »

Interprétez cette déclaration comme des faits et non comme une complainte, car au bout du compte, ce sont avant tout des choix que fait Diane Roy. Et ceux-ci se font d’abord et avant tout avec en tête son petit Émile, âgé de 4 ans.

« Être partie un mois sans mon garçon, oublie ça ! Je vais y aller seulement s’il peut venir avec moi et si quelqu’un peut s’en occuper pendant que je serai sur la piste. C’est sûr que ça augmente les coûts. »

En revenant sur l’ensemble de sa carrière, l’athlète qui est dirigée par l’entraîneur Jean Laroche mentionne qu’elle était au sommet de son art aux Jeux paralympiques Pékin en 2008. Le moment décisif de sa carrière aura toutefois été sa décision de s’entraîner à plein temps.

« J’ai pris un risque en arrêtant de travailler sans savoir si j’allais avoir un revenu suffisant pour subvenir à mes besoins. C’est ce qui a fait que mes quatrième, cinquième et sixième places se sont alors transformées en médailles. Quand j’ai commencé, je ne pensais jamais faire une carrière de 28 ans et participer à 6 Jeux paralympiques. Ce n’était pas prévu. J’ai eu Émilie en 2015, pris part aux Jeux de Rio en 2016 et ensuite, j’ai battu mon propre record canadien au 1500 m par 2 secondes. Ç’a m’a surprise ! »

Des septièmes Jeux?

Est-ce que Tokyo seront ses septièmes Jeux paralympiques? Diane Roy préfère demeurer évasive à ce sujet.

« Qui sait ? La qualification sera difficile, mais je pense que j’ai bien fait ici, alors pourquoi pas ? Depuis un an ou deux, j’y vais aux six mois. Tout va bien, alors on verra ce printemps », avait-elle déclaré à Sportcom après sa dernière course aux mondiaux.

Un mois plus tard, sa réponse reste sensiblement la même.

« Je gère le budget, le temps et l’organisation et on verra d’ici cet été ce qui sera possible de faire », avance-t-elle.

D’ici là, un camp préparatoire en Floride est à son agenda du mois de mars.

En conclusion, alors qu’elle répondait à nos questions en rafale, elle mentionne qu’elle et son fils raffolent des sushis. Pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable en se qualifiant pour les Jeux et ensuite aller célébrer avec son fils dans un resto de la capitale japonaise ?

 

Questions en rafale

La chanson que tu écoutes avant une course importante ?
Quand je m’entraîne sur le rouleau (entraînement en salle), j’écoute souvent de la musique des années 80 qui bouge un peu. Dans l’auto, avec mon garçon, nous écoutons beaucoup la musique de Zaz.

Le dernier film que tu as vu ?
À Dubaï, j’ai écouté la série Downtown Abbey… par défaut, car plusieurs séries étaient géobloquées dans le pays. Ma sœur me l’avait recommandée et je vais la terminer dans le Temps des Fêtes. Regarder des séries, ça me permet de décrocher et d’arrêter de bouger.

Ce que tu apportes toujours dans ton carry-on dans l’avion
Des photos de mon garçon et mon téléphone cellulaire. Des fois, mon gars me dit : « Maman, je t’ai mis un toutou dans un sac ! »

Ton plaisir coupable ?
Occupation double. J’ai commencé à regarder l’émission par curiosité et je suis restée accrochée.

Ton mets préféré ?
Les sushis. Je suis prête à faire 45 minutes de route pour en manger.

Tu es première ministre du Canada demain, quelle sera ta première décision ?
Je règlerais la question de l’accessibilité et des stationnements des personnes à mobilités réduite. Je me promène partout en ville et n’importe qui prend les stationnements réservés. Il devrait y avoir des stationnements pour les gens en fauteuil et d’autres pour les personnes âgées, car les particularités ne sont pas les mêmes.

Ta matière préférée lorsque tu étais à l’école
Les mathématiques.

Un endroit que tu aimerais visiter?
J’aimerais avoir du temps pour visiter l’Europe.

Un talent caché
Je pourrais être une bonne musicienne si je prenais des cours. J’ai une bonne oreille musicale et je peux pianoter une chanson à l’oreille.