Personnalité Parasports Québec – Octobre 2021

Il est revenu des Jeux paralympiques de Tokyo avec quatre médailles d’argent et aussi le prestigieux honneur d’être le porte-drapeau de l’équipe canadienne à la cérémonie de clôture. Il a aussi participé aux marathons de Berlin et de Londres dans les semaines suivantes, récoltant au passage une médaille de bronze dans la capitale allemande et une quatrième place en Grande-Bretagne.

L’athlète en fauteuil roulant Brent Lakatos est donc nommé Personnalité du mois d’octobre Parasports Québec.

En entrevue depuis Loughborough, en Grande-Bretagne, où il s’entraine depuis quelques années déjà, Lakatos profite de vacances pleinement méritées. Et qui dit vacances, dit se faire plaisir.

« Je relaxe, j’en profite pour faire n’importe quoi. La semaine passée, j’ai mangé trois poutines », lance l’athlète en début d’entretien.

Mais est-ce réellement possible de trouver une vraie bonne poutine en Angleterre? Le Dorvallois d’origine n’a pas pris de chance et il a décidé de se la cuisiner lui-même. « J’ai acheté du vrai fromage en grains en ligne, j’ai une friteuse pour faire de bonnes frites et je fais ma sauce moi-même. Et c’est bon! »

Horaire complet

Dans la capitale japonaise, Lakatos a pris part à six épreuves, allant du 100 m au marathon. Un tel horaire paralympique, il l’avait déjà vécu dans le passé, sauf que cette fois, à 41 ans, il concède que c’était pour le moins exigeant.

« En regardant ça après, je pense que c’était un peu trop. J’étais trop fatigué, mais ça s’est quand même bien déroulé. Si je reviens à Paris (en 2024), je vais peut-être enlever des épreuves. […] En fait, la partie des Jeux qui a été la plus difficile, c’est la récupération entre les courses. »

Lakatos assume son choix d’un horaire aussi rempli, car il croyait en ses chances d’obtenir l’or à chacune de ces épreuves. Pour preuves, il mentionne notamment son titre mondial au 100 m (T53) en 2019 et son couronnement au marathon de Londres l’année suivante.

La médaille d’argent qui lui a le plus fait plaisir au Japon est celle obtenue au 5000 m. C’est aussi la course où il est passé le plus proche de gagner. « C’est dans les 30 derniers mètres que Marcel (Hug) a gagné. Il a été chanceux d’être capable de sortir du groupe, car (en temps normal) il aurait dû être emboîté. C’est la seule épreuve où il n’a pas été en tête dans les 400 derniers mètres. C’est la course qui a été la plus difficile à gagner pour lui et celle dont je suis le plus fier. »

Depuis ses premiers Jeux à Athènes en 2004, Lakatos note que les athlètes en fauteuil roulant sont beaucoup moins nombreux dans l’équipe canadienne, qui compte désormais plus d’athlètes debout ou malvoyants. « Il n’y en a presque plus et c’est triste. La relève n’est pas là. Athlétisme Canada sait que c’est un problème, ils font ce qu’ils peuvent, mais c’est un peu tard. J’espère qu’on va trouver plus de gens pour faire de l’athlétisme en fauteuil. »

Celui qui est un digne successeur d’André Viger, dont il a battu le nombre de médailles remportées aux Jeux paralympiques avec un total de 11, espère qu’un jour quelqu’un batte son record. Est-ce qu’il haussera ce nombre dans trois ans aux Jeux paralympiques de Paris? L’athlète a commencé à laisser planer l’idée d’une possible retraite sportive. Les vacances sont un moment propice à la réflexion et il sait quels seront les facteurs qui motiveront son choix.

« Ça va prendre encore un moment avant que je prenne une décision. Ma femme et moi essayons d’avoir des enfants et même si je veux continuer, je ne sais pas si ça sera possible. On verra ce qui va arriver et je vais y aller une année à la fois. »

L’arrivée d’un poupon ne se fera pas dans les semaines à venir. Sa femme, Stephanie Reid, membre de l’équipe paralympique britannique qui s’est classée quatrième au saut en longueur T64 à Tokyo, sera parmi les participantes de la prochaine édition britannique de Dancing on Ice.

Et pas question pour Lakatos de suivre son amoureuse dans ses projets de téléréalité. « Non, c’est trop pour moi », lance en riant celui qui se dit trop gêné pour ce type d’émissions. « Elle est très bonne et très naturelle pour faire des choses comme ça. Elle n’a jamais patiné, mais elle fait tout à 100 %, pas juste l’athlétisme. Les concurrents doivent se pratiquer deux heures par jour, mais elle, elle va peut-être en faire quatre ou cinq! »

EN RAFALE

Un endroit que tu aimerais visiter?
Le Japon (Ndlr : dans la bulle paralympique, Lakatos n’a pas pu jouer les touristes au moment des Jeux). Les gens là-bas sont très gentils et polis. C’est une culture très intéressante.

Quel est le dernier film que tu as vu?
Le dernier James Bond, No Time To Die, et c’est très bon. J’ai aussi vu Shang-Chi, le dernier film de la série Marvel. C’était drôle et très amusant.

Es-tu plutôt plage ou piscine?
Piscine

Quels sont tes auteurs préférés ?
Patrick Rothfuss et Branden Sanderson

Qui est ton idole sportive?
Chantal Petitclerc