Personnalité du mois

Si Obélix est tombé dans la marmite de la potion magique lorsqu’il était petit, on peut dire de la même chose de Marc Antoine Ducharme avec le basketball en fauteuil roulant. Celui qui est entraîneur-chef de l’équipe canadienne féminine depuis 2017 a longtemps dirigé l’équipe du Québec et ce n’est pas par hasard s’il a été mis en contact avec ce sport dès son plus jeune âge.

« Mes parents sont tous les deux en fauteuil roulant et ce sont eux qui ont démarré le club des Gladiateurs de Laval avant ma naissance (à la fin des années 1970.) Je peux donc dire que je suis né là-dedans », explique celui qui est en nomination au prochain Gala SPORTSQUÉBEC dans la catégorie Entraîneur de l’année.

Il s’agit de la deuxième fois que le pilote canadien est en nomination à ce prestigieux gala.

« La première année (que j’étais en nomination), je pense que je n’avais pas trop de chance de gagner, mais cette année, j’en ai pas mal plus. Aux Jeux parapanaméricains (2019), nous avons gagné contre les États-Unis qui avaient présenté leur équipe A. Pendant l’été, nous avons battu l’Allemagne, médaillée de bronze au Championnat du monde, et nous avons battu deux fois la Grande-Bretagne, qui avait fini deuxième aux mondiaux. L’équipe progresse super bien et cette nomination, c’est une petite tape dans le dos ! »

La progression d’un sport

Marc Antoine Ducharme a fait ses débuts en basketball debout à l’école primaire. La ligue de mini basket en fauteuil roulant n’existait pas à l’époque et dès qu’elle a été créée, en 1993, le garçon a immédiatement fait partie de l’équipe des mini-Gladiateurs. L’enfant a donc grandi en même temps que le circuit québécois.

« Ce sont les amis sur ma rue qui ont commencé à jouer avec nous dans le club mini. »

Les années ont passé et le nombre d’équipe a augmenté grâce à un recrutement intensif. Ducharme se souvient que dès qu’il voyait un jeune en fauteuil roulant dans un centre commercial ou ailleurs, il l’abordait pour lui parler de son sport.

Ce travail de recrutement et du développement de la relève s’est poursuivi lorsqu’il démarré la ligue de mini-basket en 2004 alors qu’il était coordonnateur chez Parasports Québec. Devenu directeur général de l’organisation en 2010, il a œuvré à l’admission du sport au programme des Finales des Jeux du Québec, une étape importante selon lui.

« Nous organisions des camps préparatoires tous les mois au Québec, ce que ne font pas les autres provinces. L’emphase a beaucoup été mise sur le développement des jeunes joueurs », poursuit-il en ajoutant que la proportion de joueurs et joueuses du Québec dans les équipes nationales a été haussée.

« Le Québec est rendu la plus grosse et la meilleure province. À mes débuts (dans le sport), le Québec se classait cinquième ou sixième au Canada (hommes et femmes.) Maintenant, nous sommes toujours pas mal premiers. Chez les équipes nationales, il y avait un joueur, parfois deux dans les années 1990 ou au début 2000. Il y en a maintenant cinq chez les filles et trois chez les gars. »

À cela s’ajoutent les excellents résultats des équipes québécoises obtenus au fil des ans aux différentes éditions des Championnats canadiens et des Jeux du Canada, en plus du circuit québécois qui compte quatre ligues regroupant environ 150 joueurs.

À la tête de l’équipe nationale

Développer le sport, c’est noble, mais diriger une équipe nationale était le prochain défi qui attendait Marc Antoine Ducharme. Le principal intéressé rappelle qu’il a pu avoir la chance de prendre la température de l’eau avant de plonger dans ce nouveau défi.

« J’ai été engagé de mai à août 2017 pour amener l’équipe féminine à la qualification des Championnats du monde. J’étais encore le directeur général de Parasports Québec. En ayant cette chance d’expérimenter ce poste, tout en gardant mon emploi, j’ai pu vivre ce que c’était et une fois en septembre, j’ai fait mon choix. Nous avions gagné la Coupe des Amériques, les athlètes étaient vraiment contentes et nous avions une bonne relation. Ça m’a permis de prendre une décision plus éclairée. »

Celui qui joue encore se sert de sa longue expérience de joueur dit s’inspirer de ce qu’il aimait le plus de ses anciens entraîneurs afin de modeler sa pédagogie auprès des meilleures joueuses canadiennes. L’important selon lui, c’est de leur laisser un maximum d’espace en situation de match.

Cela ne l’empêche pas d’être un grand amateur de stratégies, lui qui se dit passionné par le curling et les échecs, deux disciplines hautement stratégiques.

« Mon parcours a forgé mon identité d’entraîneur. Je ne suis pas le genre d’entraîneur à avoir cinq ou six jeux avec des variantes. On travaille sur des concepts et ensuite, elles ont la liberté de lire le jeu et de réagir comme elles le veulent. Je ne les dirige pas de façon super serrée et elles ont de la liberté. Lorsque j’étais un athlète, c’est une des choses que j’aimais le plus. Cela les aide plus à comprendre le pourquoi des choses au lieu de seulement les exécuter. La communication et la chimie d’équipe sont des choses super importantes. »

En rafale

Un talent caché ?
J’aime bien faire des rénovations.

Ton plaisir coupable ?
J’adore le curling !

La chose que tu aimes le plus dans ton sport ?
C’est la stratégie

Le dernier film que tu as vu ?
Je ne regarde pas vraiment de films. J’aime mieux jouer aux échecs.

Hiver ou été ?
Été

Tu es premier ministre du Canada demain, quelle sera ta première décision?
Je voudrais être au gouvernement du Québec pour avoir le contrôle sur la place qu’a le sport dans l’éducation. S’assurer que les élèves aient plus d’heures d’éducation physique.

Ton mets préféré ?
Les babyback ribs

Ton idole sportive ?
Michael Jordan

Ta matière préférée lorsque tu étais à l’école ?
Les mathématiques et l’éducation physique