Personnalité du mois
« Il faut que j’aie des objectifs, sinon, je ne me sens pas vivant », lance d’entrée de jeu Maxime Drolet-Gauthier, personnalité Parasports Québec du mois de novembre.
Vivant, mais tétraplégique. C’est dans cet état qu’il est sorti d’un accident de voiture survenu en août 2013. Pour la suite de sa vie, le jeune homme aujourd’hui âgé de 25 ans constate qu’il n’est plus le même.
« L’accident a beaucoup changé ma façon de voir les choses de la vie, mes perspectives et où je concentre mon énergie. Tout a changé et j’ai changé en tant que personne. »
Celui qui avait 19 ans lorsque sa trajectoire personnelle a pris une nouvelle route aimait faire la fête. « J’étais en appartement, j’allais au Cégep en administration et j’étais super sportif. Mes façons d’avoir du plaisir, c’était de jouer au hockey et de faire le party. »
Le nouveau Maxime a laissé de côté plusieurs amis de l’époque. « Ils m’éloignaient plus de mes objectifs qu’ils m’en rapprochaient. Ç’a été un gros ménage dans mes relations. »
Le chemin ardu de la réadaptation
L’adaptation à sa nouvelle vie ne s’est pas toutefois pas faite facilement. Le sport aurait rapidement pu être une bouée de sauvetage pour lui qui était déjà sportif, sauf que c’est dans un autre monde qu’il est plongé : celui de la drogue. Et s’il s’en est sorti, c’est grâce à son père et au sport.
« Après mon accident, j’ai été déprimé et j’ai honte de le dire, mais j’ai consommé de la drogue. Mon père a consommé pendant 25 ans et ça fait 20 ans qu’il a arrêté. Il m’a aidé là-dedans et ça me permis de me concentrer sur ce qui était important et avoir des objectifs. »
Père et fils se soutiennent jour après jour afin de poursuivre leur abstinence. L’autre point qui les unit, c’est le rugby en fauteuil roulant.
« Nous sommes une famille qui est proche et si je fais du rugby, c’est grâce à lui. Depuis mon accident, je n’ai pas d’auto et c’est lui qui m’a voyagé (pour les matchs et les entraînements). Je ne compte plus le nombre de lifts qu’il m’a faits. »
Le retour des objectifs
Avoir des objectifs est une notion qui revient constamment dans le discours de Maxime Drolet-Gauthier. Et c’est par le rugby en fauteuil que cela est revenu dans son quotidien. Son cheminement en rugby en fauteuil n’a pas été facile comme il l’explique.
« Au début, j’étais pourri, alors je trouvais ça plate. J’ai arrêté de jouer pendant des mois. »
Il a recommencé et il a porté les couleurs de l’équipe de Montréal pour ensuite accéder à l’équipe du Québec. L’étape suivante a été de se classer dans l’équipe canadienne de la prochaine génération (Next Gen) l’an dernier. On le devine, la suite logique pour lui sera de viser une place dans l’équipe canadienne senior en 2021.
Objectif accessibilité
Un autre objectif occupe Maxime Drolet-Gauthier. En compagnie de son frère jumeau et d’un ami, ils ont comme but de construire un chalet adapté aux personnes à mobilité réduite dans Lanaudière.
« Nous travaillons dans ce projet depuis 2015 et nous sommes rendus à la moitié de la construction. Le chalet devrait être complété le printemps prochain. C’est incroyable le nombre de péripéties que nous avons vécues dans ce projet, mais il va se faire ! »
Celui derrière la création de la fondation Neuro-Concept en 2017, organisme à but non lucratif luttant en faveur de lieux publics plus accessibles pour les personnes à mobilité réduite, a pris part au marathon de Montréal le 22 septembre dernier afin d’amasser des fonds pour offrir à cette clientèle des soins spécialisés. Maxime Drolet-Gauthier était sur la ligne de départ non pas dans un fauteuil d’athlétisme, mais bien dans un fauteuil de rugby !
« Si tu veux amasser de l’argent, il faut que tu te fasses voir, sinon ça ne fonctionnera pas ! » lance celui qui n’est jamais à court d’idées. « Je me suis dit que ça attirerait l’attention, en plus d’être un défi personnel. Je me suis préparé depuis la fin avril et j’ai roulé 750 kilomètres en moins de quatre mois. Ç’a été une belle expérience et j’ai fait 10 minutes de moins que le temps que je visais », poursuit le jeune homme qui a bouclé les 42,2 kilomètres de l’épreuve en 4 heures 6 minutes 19 secondes.
« L’an projet, je veux faire la distance entre Montréal et Québec sur trois jours ! »
Oui, amenez-en des défis !
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EN RAFALE
Quel est le dernier film que tu as vu?
J’aime bien regarder la série « Casa del papel » sur Netflix.
Si tu étais premier ministre du Canada demain, quelle sera ta première décision?
J’aurais un plan pour l’environnement et un autre pour l’inclusion. Oui, ce sont beaucoup de coûts pour des installations accessibles aux personnes en fauteuil roulant, mais ce n’est pas notre choix. Bien des gens en fauteuil roulant se sentent exclus de la société.
Quelle est ton idole sportive?
David Goggins. C’est une machine qui fait les courses d’ultramarathons les plus dures au monde. Il repousse les limites du corps humain. J’aimais aussi le hockeyeur Steve Bégin qui mettait du cœur sur la glace.
Si tu pouvais prendre la place de quelqu’un qui ce serait ?
David Goggins, car il nous donne le goût de se dépasser. Il est motivant
Quelle est la chanson que tu écoutes avant une course ou un match important ?
J’aime bien la musique du DJ et musicien Kygo.
Qu’est-ce que tu aimes le plus dans le rugby en fauteuil roulant?
L’esprit de groupe et le côté social qui nous permet d’être compétitifs.
As-tu un talent caché?
On me dit souvent que je suis drôle et que je fais en sorte que les gens se sentent bien en ma compagnie