Personnalité du mois de mars

Homme de l’ombre, le joueur de rugby en fauteuil roulant Patrice Simard pourrait être qualifié de marathonien de son sport. En effet, le 8 mars dernier, il a fait partie de l’équipe canadienne qui a assuré sa place au tournoi des Jeux paralympiques de Tokyo. S’il est retenu dans l’équipe qui sera au Japon, il s’agira de sa sixième participation aux Jeux. Retour sur une longue carrière qui n’est pas sur le point de s’arrêter malgré la pandémie de la COVID-19.

De débutant à Paralympien en trois mois

Patrice Simard a rapidement pris plaisir à jouer au rugby et c’est à la vitesse grand V qu’il s’est retrouvé sur la scène internationale. Et pas n’importe où : aux Jeux paralympiques.

« La première fois que je me suis assis dans un fauteuil de rugby, c’était à Québec, dans un centre de réadaptation. J’ai eu un feeling de liberté. Faire des contacts, c’était un défoulement, se souvient-il. Tu ne peux pas sortir de cette expérience sans avoir un gros sourire dans la face ! Faire du sport, c’est sain et tu côtoies d’autres athlètes et d’autres personnes qui ont vécu la même chose que toi. Tu apprends d’elles. Ça m’a aidé à progresser plus rapidement dans la vie. »

Le jeune homme s’est pointé à son premier camp de sélection de l’équipe canadienne à l’été 2000, à Montréal.

« C’était pour voir ce que je pourrais travailler dans mon jeu pour l’année suivante. Il n’y avait que 16 joueurs présents et ils en prenaient 12 pour l’équipe qui irait aux Jeux paralympiques. C’est là que j’ai réalisé que j’avais le potentiel pour faire l’équipe et j’ai été sélectionné. Trois mois plus tard, j’étais à Sydney. Ç’a été assez expéditif ! »

Simard et ses coéquipiers disputeront la finale pour la médaille de bronze, mais termineront en quatrième place. Pas de médaille, mais toute une expérience !

« J’ai joué 5 minutes 38 secondes dans tout le tournoi en deux présences », se remémore le joueur en riant.

En 2004, à Athènes, il reviendra du tournoi paralympique avec une médaille d’argent et aussi la fierté d’avoir été du quatre partant canadien.

La vie qui bascule à nouveau

Patrice Simard explique sa longévité par un entraînement assidu et la capacité à bien prendre soin de sa personne. Alors qui parle des moments marquants de sa carrière, ce ne sont pas les résultats sportifs qu’il souligne à grands traits. Il aurait pu faire mention de son titre de champion du monde en 2002, des médailles d’argent (2004 et 2012) ou de bronze (2008) aux Jeux paralympiques, mais plutôt son accident survenu à Phoenix, alors qu’il participait à un tournoi en février 2017, auquel il fait référence.

Le joueur et trois de ses coéquipiers allaient manger au restaurant situé en face de l’hôtel. Lorsqu’ils sont rentrés à l’hôtel, Simard s’est fait frapper par une voiture en traversant la rue. Diagnostic : bassin fracturé et lacérations au foie.

« J’étais pas mal magané ! Ça n’a pas été facile, mais j’y suis allé un jour à la fois. Dans des situations comme ça, il ne faut pas que tu penses trop loin. Pendant tout ce temps, j’avais juste le goût de recommencer à jouer avec l’équipe. Ça m’a pris six mois avant que je recommence à rouler avec mon fauteuil de rugby et neuf avant de recommencer à jouer.

L’athlète aujourd’hui âgé de 41 ans est revenu en pleine forme, jusqu’au point d’être de retour au tournoi de l’Arizona, un an plus tard. Le souvenir de cette mésaventure était encore frais dans la mémoire du joueur classé 1.5, sauf que ses coéquipiers ont joué les brigadiers scolaires pour le rassurer et dédramatiser le moment.

« C’est sûr que j’étais un peu réticent à y retourner, mais c’était devenu une blague avec tout le monde de l’équipe : quand je traversais la rue, mes coéquipiers m’entouraient », raconte Simard en riant.

« J’ai de bons coéquipiers et pour plusieurs d’entre eux, ça fait des années que nous sommes ensemble, dont certains depuis 20 ans. Nous sommes devenus comme des frères au fil du temps. C’est un des beaux côtés de ce que le rugby m’a apporté. C’est comme une grande famille ! »

La suite

Le Canada a obtenu sa place pour les Jeux paralympiques de Tokyo au tout dernier tournoi de qualification qui a eu lieu à Vancouver, au début mars. Ce ne fut pas le chemin le plus rapide pour assurer sa place à Tokyo, mais la formation dirigée par Patrick Côté sera au Japon. Reste maintenant à savoir à quelles dates avec la crise sanitaire mondiale qui prévaut.

« Tout le monde a mis l’effort à Vancouver et nous étions une coche au-dessus des autres équipes. Maintenant, avec la pandémie de la COVID-19, ça bouleverse un peu tout. En temps normal, je m’entraîne au PEPS de l’Université Laval et c’est fermé. Nous essayons de trouver des moyens pour nous entraîner, mais ce n’est vraiment pas évident. »

Patrice Simard a surmonté des obstacles beaucoup plus grands dans sa carrière, alors gageons que celui-ci ne sera pas un problème.

 

En rafale

Le dernier film que tu as vu?
Ça 2, dans l’avion au retour du tournoi de Vancouver.

La chose que tu aimes le plus dans ton sport?
Les contacts entre les fauteuils.

Chien ou Chat?
Chien. Avec tous les voyages de compétition, je n’en ai pas, mais à ma retraite, j’en aurai sûrement un.

Ta matière préférée lorsque tu étais à l’école?
L’éducation physique.

Ton surnom?
J’en ai plusieurs: Pitbull, Ninja… C’est mon ancien coéquipier Daniel Paradis qui m’a donné ces surnoms. Lui et moi, lorsque nous arrêtions quelqu’un en défense, c’était fini. Il ne sortait pas de là! Nous étions comme des pitbulls qui mordent leur os et qui ne le lâchent pas.

La chanson que tu écoutes avant un match important?
J’écoute ce qui joue au haut-parleur de l’équipe et c’est habituellement du rock.

Ton mets préféré?
La poutine

Ton plaisir coupable?
Manger de la poutine une fois aux deux semaines!