Personnalité Parasports Québec – Janvier 2021

Les hasards de la vie peuvent parfois nous mener à des endroits inconnus ou à découvrir des passions dont nous ignorions l’existence. C’est ce qu’a vécu Tommy Chevrette, professeur au Module de kinésiologie au département des sciences de la santé et directeur de la Clinique universitaire de kinésiologie de l’Université du Québec à Chicoutimi.
M. Chevrette est aussi membre du comité du programme « Au-delà des limites » de Parasports Québec et il est la Personnalité du mois de janvier de Parasports Québec.

Du ski alpin adapté à la recherche scientifique
Ancien compétiteur de ski alpin, Tommy Chevrette était déjà un accompagnateur pour les skieurs à mobilité réduite au début des années 1980. Alors qu’il assistait une personne en ski assis sur les pistes du mont Sainte-Anne, le jeune kinésiologue a demandé l’aide d’un autre skieur pour aider le skieur handicapé à prendre place dans la remontée mécanique. L’inconnu est resté avec le duo pour skier jusqu’à la fermeture des pistes.

Sans le savoir, cet homme allait changer le parcours professionnel de Tommy Chevrette.

« Il était un coordonnateur en santé mentale à l’Hôpital Rivière-des-Prairies. Peu de temps après, on m’a appelé pour me dire que je pourrais faire une différence en santé mentale et on m’offrait un contrat de six mois », se souvient celui qui est aussi membre de la gouvernance et formateur à l’Association canadienne des skieurs handicapés.

L’inconnu devait vraiment vouloir travailler avec Tommy Chevrette pour faire les démarches nécessaires afin de le retrouver, d’autant plus que les réseaux sociaux étaient inexistants à l’époque. Le jeune homme a sauté sur cette proposition et a quitté son emploi à l’Hôtel-Dieu de Québec pour Montréal. Il restera en poste pendant 13 ans dans ce milieu où l’on s’occupe « beaucoup de la tête et très peu du corps », contrairement à son emploi précédent.

Quelques années plus tard, un supérieur pense à lui pour mettre sur pied un nouveau laboratoire à l’hôpital, sauf que pour avoir le poste, Chevrette doit posséder un doctorat. Le projet ne verra finalement jamais le jour, mais le parcours professionnel de Tommy Chevrette prend une fois de plus une nouvelle direction : il obtient son doctorat en sciences biologiques, option sciences psychiatriques, à l’Université de Montréal.

« Je travaillais avec la thérapie d’autorégulation par des activités d’aventure. On se servait du sport pour générer du stress (léger) afin que les patients soient capables de nommer les réactions de leur corps (ex : augmentation de la fréquence cardiaque.) Ces patients ont de la difficulté à dire comment ils se sentent. »

L’activité physique apportait plus que des bénéfices concrets sur le plan physique. Elle permettait aussi à la personne de se développer sur les aspects du langage, du social, de l’affectif, ainsi que dans ses facettes cognitives et motrices.

Bouger, c’est encore plus important maintenant
Par son travail sur les pistes, tant en ski alpin et qu’en surf des neiges, M. Chevrette a œuvré à une réforme du système d’enseignement de certification de l’association nationale. Avec ses chapeaux de formateur et de scientifique, Tommy Chevrette est conscient qu’il peut faire une différence et constater les bienfaits d’un mode de vie actif, peu importe sa condition.

« Mon intérêt à travailler avec le programme Au-delà des limites, c’est de dire qu’on peut aller plus loin. »

L’apprentissage d’un nouveau sport, que ce soit pour la haute performance ou non, a des impacts positifs importants avance-t-il. « On contribue de façon directe ou indirecte à presque tous les domaines (de la vie d’une personne). »

Et cela est encore plus vrai en période de confinement poursuit-il.

« Les effets de la sédentarité sont encore plus grands chez une population qui est en situation de déficit sensoriel ou moteur. Nous faisons l’effort de les faire bouger, mais aussi d’expliquer pourquoi […] La diminution de l’activité physique qui a été causée par la COVID-19 va générer beaucoup plus de dommages que n’importe quoi d’autre. Des gens vont passer de situations où ils sont autonomes à moins autonomes ou passer en CHSLD. On veut essayer de retarder ça et une des solutions, c’est l’activité physique. »

Même si la pandémie s’étire, le portrait de la situation n’est pourtant pas tout noir pour autant. M. Chevrette est encouragé de voir que plusieurs parcs et endroits où pratiquer des activités de plein air offrent aujourd’hui de l’équipement adapté pour les personnes à mobilité réduite, même si le transport adapté demeure un défi.

« Une personne peut maintenant aller skier de façon autonome. Avant, c’était impossible. »

La science a prouvé qu’il n’y a pas de limites technologiques, mais la formation adéquate des moniteurs et des accompagnateurs devra se poursuivre.

« Si les liens de la personne (à mobilité réduite) sont significatifs avec l’accompagnateur, il y a des chances que la personne continue à aimer ça. »