Personnalité du mois de décembre

Une dame qui passe un coup de fil pour proposer à un jeune garçon unijambiste d’essayer le basketball en fauteuil roulant. Des années plus tard, ce garçon devenu adulte, après avoir connu une grande carrière sportive, ouvrira à son tour la porte au sport pour des dizaines de personnes à mobilité réduite. Portrait Matthieu Parent, Personnalité du mois de décembre Parasports Québec et fondateur du Club de sport en fauteuil roulant de Gatineau.

En jetant un coup d’œil au CV sportif de Matthieu Parent, on note rapidement la polyvalence de cet ancien athlète de haut niveau : participation aux Jeux du Canada en basketball en fauteuil roulant en 1995, aux Championnats du monde de para-athlétisme de 1998 et aux Jeux paralympiques de Sydney en 2000, d’où il reviendra avec une médaille de bronze au relais 4×100 mètres.

À cela s’ajoutent plusieurs Coupes du monde de paracyclisme sur route et piste, des Championnats du monde et une présence aux Jeux parapanaméricains.

Avec de telles réalisations sportives, on serait porté à croire que l’implication de Matthieu Parent dans le parasport serait d’être un entraîneur d’athlète de haut niveau, mais ce n’est pas le cas. Ce qui le motive aujourd’hui, c’est d’améliorer l’accessibilité au parasport au plus grand nombre et c’est pour cette raison qu’il a créé le Club de sport en fauteuil roulant de Gatineau. Comme il le rappelle, l’invitation reçue lorsqu’il était enfant a été marquante pour lui.

« La dame m’avait vu à la piscine, à Granby, et elle avait appelé à la maison pour m’inviter à essayer le basketball en fauteuil roulant. Ça ne m’intéressait pas vraiment, car je ne voulais pas m’asseoir dans un fauteuil et je ne me considérais pas comme une personne handicapée. J’utilisais ma prothèse 95% du temps. Une fois assis dans le fauteuil, je suis tombé en amour avec le basketball en fauteuil roulant. »

Le jeune garçon compétitif a rapidement vu que sa prothèse qui le limitait lorsqu’il jouait au basketball debout n’était plus une source de problèmes une fois assis.

« Au basket en fauteuil, c’est là que je me suis rendu compte que je pouvais dépasser mes limites. Je n’avais plus à m’adapter à une activité. C’était l’activité qui s’adaptait à moi et je pouvais devenir compétitif. C’est grâce à Louise Tremblay que j’ai pu me développer et je veux maintenant le faire pour les autres. »

Des partenaires mobilisés

L’idée de démarrer un club dans sa région est née lorsque Matthieu Parent a accompagné une ses filles qui participait aux Jeux du Québec de Québec en basketball en fauteuil roulant, en 2019.

« Mes filles n’ont pas de handicap et l’une d’elles a joué pour l’équipe de Valleyfield dans laquelle il manquait des joueurs. Il faut un minimum d’équipes aux Jeux du Québec pour que le sport soit présenté. Quand j’ai vu que le sport paralympique le plus populaire sur la scène provinciale manquait de monde, ça m’a donné l’envie de partir un club ici, à Gatineau. »

Le papa et ses deux filles jouaient déjà au basketball, mais de l’autre côté de la Rivière des Outaouais, à Ottawa, alors c’était une raison supplémentaire pour démarrer un club en sol québécois. Aux côtés de sa conjointe et de son frère, Matthieu Parent a démarré le club et fondé le conseil d’administration au printemps 2018.

L’Association de basketball de Gatineau a ensuite a offert un premier accès à un gymnase et le nouveau club s’est fait prêter des fauteuils de basketball par Parasports Québec et un club d’Ottawa. La ville de Gatineau est devenue partenaire du projet à son tour, tant en matière de subvention que d’accès à ses installations sportives.

« Mon premier objectif c’était d’asseoir le monde dans vrai fauteuil de basketball. Plusieurs nouveaux n’avaient jamais fait de sport en fauteuil roulant et ils ont dit enfin, il se passe quelque chose à Gatineau et on y a accès ! »

Le courant passe à ce point entre le club et la ville que celle-ci a demandé au club de participer aux discussions à propos de l’accessibilité des futures infrastructures municipales afin de mieux connaître les besoins des personnes à mobilité réduite.

« La ville de Gatineau est vraiment engagée plus loin que juste d’aider un petit club à avoir accès à un gymnase. Les gens sont vraiment investis, ils ont une vision et ils sont engagés. Non seulement ils sont prêts à nous aider, ils prennent compte de nos recommandations. C’est vraiment super! » se réjouit Parent, très motivé, qui ne compte pas ses heures de bénévolat.

« Nous avons eu plein de belles victoires dernièrement et nous avons de beaux appuis, dont le prix Organisme de l’année au dernier Gala Excellence sportive Outaouais, remis au club, et celui de Gestionnaire de l’année, que j’ai reçu. C’est donc super motivant ! J’ai toujours été hyperactif et avant, je m’entraînais, je travaillais et je m’occupais de mes filles à temps plein. Aujourd’hui, je m’entraîne beaucoup moins, alors ça me donne du temps pour m’occuper d’autres choses et ça passe dans le club. »

À l’heure actuelle, le Club de sport en fauteuil roulant de Gatineau offre seulement du basketball, mais il veut agrandir l’offre avec du boccia et du powerchair soccer, de même qu’avec des sports qui ne se pratiquent pas en fauteuil comme le goalball ou le paracyclisme par exemple.

« On y va en fonction de la demande », indique celui qui est agent de programme principal chez Innovation, Sciences et Développement économique Canada qui rappelle l’importance d’avoir une vie équilibrée.

« C’est encore plus vrai pour les personnes qui ont un handicap. Si tu es déjà en diminution de mobilité, moins tu bouges, plus tu en perds. C’est super important de rester actif pour garder ce tonus et conserver les acquis gagnés au cours des années. […] Si la performance vient, tant mieux, mais je ne vise pas la performance à tout prix. Le sport à long terme est plus important que la performance », a-t-il conclu.

 

En rafale

Chien ou Chat ?
Chien. J’ai toujours eu des chiens et le dernier que j’ai eu c’était un grand danois pendant huit ans. Nous l’avons perdu il y a un an et demi et nous avons adopté un golden doodle qui s’appelle Mali.

Un talent caché ?
Je joue de la guitare et je chante, mais c’est en cachette, car je ne suis pas un artiste vedette. J’aime mieux faire mes petites affaires dans mon coin pour m’amuser et me détendre.

Un endroit que tu aimerais visiter ?
J’ai toujours adoré l’Italie. J’aime la place, la bouffe et les gens. J’y retournerais n’importe quand.

Le dernier film que tu as vu ?
Ce sont des séries sur Netflix comme Prison Break et Scandal.

Si tu pouvais prendre la place de quelqu’un, ce qui serait qui ?
Ce serait André Viger. Au cours des années, André est devenu un ami. Quand j’étais jeune, c’était mon idole et ensuite, nous avons fait plein de voyages ensemble et des compétitions. Mais au-delà de l’homme d’affaires et de l’athlète d’excellence, c’était un pionnier qui a développé différentes technologies pour les fauteuils de course à trois roues et les compensateurs pour la piste. Il a vraiment été quelqu’un qui a marqué son sport. À plus petite échelle, j’aimerais aider le sport paralympique en général.

Ton auteur préféré / le dernier livre que tu as lu?
La biographie d’Hugo Girard

Ton mets préféré ?
Le roast-beef au jus de ma mère.