Après toutes ces années, quel portrait peut-on dresser des parasports au Québec ? « Le mouvement a grandi et a acquis ses lettres de noblesse, mais il reste du travail à faire », résume Donald Royer.

Le Sherbrookois libérera son poste au sein du conseil d’administration de Parasports Québec la semaine prochaine après cinq décennies d’implication. La fédération vous propose une série de trois textes racontant son parcours.

Pour lire les deux premiers textes :

Donald Royer et les parasports: début de l’odyssée

« Mettre le sport sur la carte » – Donald Royer

À partir des années 1990, plusieurs sports adaptés sont bien établis et les succès des Québécois à l’international contribuent grandement à forger le mouvement.

« C’était devenu de plus en plus crédible et respecté. Crédible par l’atteinte d’un certain niveau et respecté par l’image et la perception des gens. On parlait enfin d’athlètes », raconte M. Royer.

Ce dernier a connu du succès à titre d’entraîneur des équipes nationales de basketball en fauteuil roulant, notamment en remportant la médaille d’argent avec la formation masculine au Championnat du monde de 1986, en Australie. Il a tout de même décidé de céder sa place pour s’impliquer davantage avec les divers conseils d’administration.

« Il faut savoir se tasser et je ne pouvais pas être entraîneur toute ma vie! J’allais plutôt parler aux ministres et amasser de l’argent, parce qu’il fallait évoluer, mentionne-t-il. J’avais passé l’étape d’entraîner, j’étais rendu meilleur pour aller m’asseoir autour d’une table et vendre le produit. Un rôle plus politique. »

Il a donc occupé différents postes pouvant influencer les domaines politique et médiatique. Que ce soit en tant que président des Associations provinciale et nationale des sports en fauteuil roulant ou en tant que vice-président de Basketball en fauteuil roulant Canada et de Sports Québec, Donald Royer a su tirer son épingle du jeu pour faire avancer les choses.

Des efforts qui venaient toujours avec ceux de précieux collaborateurs, précise-t-il. « Je n’ai jamais rencontré un ministre ou quelqu’un du gouvernement sans avoir une personne en fauteuil roulant à mes côtés. Je voulais m’assurer qu’en arrivant au bureau, s’il y avait des marches, ils allaient m’envoyer quelqu’un pour s’occuper de mon ami! »

À son avis, l’impact du message aurait moins été moindre s’il s’était présenté seul pour mettre de l’avant les parasports. « De cette façon, on leur faisait réaliser quel était le problème en le mettant de l’avant. Les personnes qui m’accompagnaient étaient brillantes et le gouvernement n’avait d’autre choix que de nous accueillir. »

Donald Royer a aussi siégé de maintes façons sur la scène internationale au sein du Comité international paralympique et de la Fédération internationale des sports en fauteuil roulant, où il a été vice-président et président.

Durant ces années, le Québécois a pu constater la place de la province et du Canada sur l’échiquier mondial. Une place de choix, il va sans dire. « Juste de voir un Canadien capable de garantir une orientation intéressante pour la progression du sport, on voyait que le pays était dynamique et respecté. »

Où en sommes-nous?

« Si on compare avec les débuts des sports pour personnes handicapées, il y a un monde de différence et c’est normal », souligne Donald Royer, tout en se réjouissant du chemin parcouru.

Un des points tournants, selon le principal intéressé, a été l’ajout des épreuves en fauteuil roulant aux grands marathons du monde entier. Il y a aussi eu la co-organisation des Jeux olympiques et paralympiques, qui a débuté en 1988, à Séoul. « À partir de ce moment-là, les Jeux paralympiques ont eu droit au même respect et à la même importance que les Jeux olympiques. Il n’y a pas la même couverture, mais bon, on ne peut pas tout avoir! » croit-il.

Que ce soit à des Jeux paralympiques, à des Championnats du monde ou à toute autre compétition, Donald Royer a tout de même assisté à des événements attirant de grandes foules, ce qui est devenu de plus en plus fréquent avec le temps.

« Il fallait être patient. Si vous voulez avoir des résultats du jour au lendemain, vous ne les aurez pas. »

Aujourd’hui, Donald Royer garde de bons souvenirs de sa carrière dans l’univers des sports adaptés. À l’image des sports olympiques, chaque discipline se développe continuellement et le niveau de jeu s’améliore tout autant. « J’ai découvert un milieu qui correspondait à mes valeurs sportives. Parasports Québec est dorénavant une structure dynamique, organisée, hautement respectée et reconnue. »

Il souhaite maintenant que certains sports aient droit à plus de soutien, en plus de voir les parasports gagner en popularité dans toutes les régions du Québec.

Il conclut avec un message qui résume très bien ses motivations et son héritage après cinq décennies de travail.

« Je veux qu’il y ait plus de personnes qui participent, que ce soit pour le plaisir ou la compétition. Il faut s’assurer que personne ne soit laissé de côté. »

Les paroles d’un grand leader, d’un bâtisseur chevronné qui aura marqué positivement plusieurs générations.